I- Des origines à 1929 (III)
2- Rivalités entre rugbymen et footeux
Avec la guerre, le football se met en sommeil pour quatre ans. Enfin, pas tout à fait. Car sur le front ou à l’arrière, les pious-pious continuent à jouer. Des rencontres sont même organisées. Pour certains, c’est une continuité ; pour d’autres, une découverte qu’ils mettront à profit au moment du retour dans le civil.
En 1917, la revue « Lectures pour tous » émet le vœu que l’armée devienne, après la guerre, pour toute la jeunesse, une école normale de développement physique et d’éducation militaire. « Tout ce qui pourra encourager au sport -subventions, prêts et aménagements de terrains, espaces libres réservés au sport- devra trouver un écho positif, tant au sein de l’Etat qu’auprès des conseils généraux, municipaux ou parmi les mécènes privés. » Une volonté d’innover, que le Général Pétain exprime à sa manière, à l’issue de la bataille de Verdun : « Ce qu’il me faut maintenant comme officiers d’état-major, ce sont des coureurs cyclistes, des champions de course à pied et des joueurs de football ».
Avec le retour des soldats démobilisés, le sport retrouve droit de cité dans les villes où il existait déjà, malgré les nombreuses victimes que les équipes de sport ont à déplorer. Au sein des établissements scolaires, les sports collectifs continuent d’attirer toujours autant d’élèves. Au Lycée de Rodez, l’Athlétic Union se reconstitue dès 1919, avant de prendre le nom des Œillets du Lycée de Rodez, le 5 avril 1925. Cette année-là, son équipe de football-association se distingue en devenant championne de la ligue du Midi. Des matches endiablés l’opposent aussi à la Ruthénoise de Monteil, à l’Institution Sainte-Marie et à l’Etoile Sportive de l’Institution Saint-Joseph, affiliée, depuis 1924, à l’Union Sportive des Etablissements Libres du Midi. Quant à la Normalienne, elle s’est réorganisée en 1920 pour pratiquer le rugby et l’athlétisme, avant de fusionner, en 1928, avec l’école normale de Cahors.
Dès 1921, le Stade Ruthénois football-association réussit à s’insérer dans les statuts du Stade Ruthénois Omnisports, grâce à la volonté du vétérinaire Gaston Puech, ancien joueur du Lycée et du Stade Toulousain. Quelques mois d’entraînement et de matches amicaux plus ou moins réussis, et le Stade Ruthénois, maillots rayés vert et blanc, culottes noire, intègre, en 1924, le championnat de ligue du Midi où les Couffinhal, Barès, Migayron 1 et 2, Lucel, Feydie 1 et 2, Malaviale, Benoit, Vigouroux, Féral, Néron, Belloubet et Labaume se distinguent dans la poule A, terminant 1er devant Montauban, Mazamet, Revel et Guitalens. Mais l’embellie est de courte durée. Au sein de l’Omnisport, les rapports entre le rugby, soutenu par la municipalité, et le football sont difficiles. Le rugby a pris possession du Parc des Haras et ne compte pas le céder aux footballeurs, relégués sur le Foiral. Le Stade Ruthénois association se met alors en sommeil de 1926 à 1929.
Philippe Rosenfeld, 1er président du Stade Ruthénois football
Cette année-là, Le Courrier de l’Aveyron rapporte, dans ses colonnes, que le Stade Ruthénois football vient « récemment de se réorganiser », sous la présidence de Philippe Rosenfeld, soutenu par l’avocat Jean Marre et Gaston Puech. Des rencontres amicales avec les clubs voisins sont organisées sur le terrain du Foiral. Mais faute de recettes, le nouveau club a du mal à survivre. Des contacts sont alors pris avec le Stade Ruthénois Omnisports pour évoluer sur le terrain des Haras. Veto des rugbymen. Aimé Biau raconte alors les circonstances qui permirent aux footeux d’obtenir satisfaction : « Réquista venait à Rodez pour le match retour… Cette rencontre arbitrée par M. Garrouste se disputait sur l’esplanade à la même heure où un match de rugby Rodez-Capdenac se déroulait au parc des Haras. Une bonne publicité avait été faite dans les milieux scolaires, aussi à l’heure du coup d’envoi une bonne chambrée composée en majorité de ceux-ci ceinturait l’aire de jeu (nous allions dire la pelouse). L’ambiance y était, la claque ne faisait pas défaut tant et si bien que pas mal de personnes se rendant aux Haras s’arrêtèrent sur le foirail. Les dirigeants du rugby vinrent demander à leurs collègues du foot de vouloir bien arrêter la rencontre. Bien entendu, la réponse fut négative. Il leur fut même précisé que cette situation se renouvellerait à moins que le Stade omnisports consente à créer une section football. Acceptation fut donnée mais la rencontre se déroula jusqu’au coup de sifflet final. » Ouvrant dès lors les portes des Haras au ballon rond.
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