La chasse aux « indésirables » !

Les nouvelles autorités de Vichy se méfient des fonctionnaires de l’éducation, considérés comme les piliers de la IIIe République. Des listes sont dressées par les sous-préfets et les responsables des services de l’état. Les instituteurs sont les premiers visés. Dès septembre 1940, l’Ecole normale est fermée car, selon Pierre Fau dans l’Union catholique, « elle avait pour but de donner non pas des éducateurs et des éducatrices aux enfants de la France mais des recruteurs et des racoleurs de partisans aux idéologies plus ou moins marxisantes, suivant les époques, sournoisement ou violemment antireligieux et toujours matérialistes ». Déplacés, révoqués ou mis en résidence surveillée, les maîtres laïques se voient directement placés sous l’autorité du préfet tandis que l’enseignement confessionnel et les religieux se voient autorisés à toucher des subventions et à porter à nouveau la robe.

Plusieurs établissements doivent faire face aux diverses réquisitions de leurs locaux, étagées de 1939 (arrivée des premiers réfugiés) à 1944 (passage des maquis) en passant par l’occupation de divers régiments, tant français qu’allemands. Témoin privilégié de cette période, le directeur de l’Institution Saint-Joseph écrit dans les Echos et Palmarès : « C’est bien vrai qu’en fin septembre, la guerre nous a frôlés de près ; déjà, la mobilisation avait commencé ; une partie de l’Institution était réquisitionnée pour le cantonnement des réservistes appelés ; les bottes de paille s’entassaient à la porte d’entrée ou à la grande salle. Allions-nous revivre les heures de 1914 ? Pauvres vieux professeurs qui étiez partis alors pour faire la der des der, afin que vos élèves n’eussent pas un jour à connaître ces horreurs, comme vous vous étiez trompés dans vos pressentiments ! »

Au mois de juin, alors que les élèves viennent de quitter l’établissement, l’Institution « vit affluer dans ses murs des centaines de réfugiés et de soldats qui occupèrent les classes, les dortoirs, la grande salle, tandis que des dizaines de camions et d’autres se garaient sous les préaux ou à l’ombre des arbres de la cour. Heureusement que dès le mois d’août, la plupart des réfugiés purent regagner leur pays d’origine et les soldats démobilisés vidèrent peu à peu les lieux, si bien que, dès le 10 septembre, on put procéder au nettoyage et préparer la rentrée des petits externes pour le 16 ».

Pareille situation à l’Institution Sainte-Geneviève que les autorités allemandes réquisitionnent dès le 21 septembre 1943 pour loger 265 Croates révoltés à Villefranche. Les bâtiments doivent être évacués dans les 24 heures. « Les religieuses le plus âgées trouvent abri au Monastère. Les plus jeunes essaient de parer à l’indispensable. Préserver un peu de mobilier, quelques provisions d’hiver, du linge sur lesquels l’occupant fait main basse. Et les élèves ? Et la rentée ? On attendait 165 pensionnaires. Pourtant, coup de théâtre ! Le 29 septembre, les Allemands quittent les lieux. La rentrée ne sera retardée qu’au 18 octobre. »

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