2- Un nom. Un stade : Paul-Lignon
Tout joueur ou supporter aveyronnais qui se respecte a un jour ou l’autre pénétré dans l’enceinte du stade Paul-Lignon. Bien peu, cependant, saurait mettre un visage et une carrière sur l’illustre méconnu qui lui a donné son nom.
Fils d’une famille ruthénoise habitant le quartier de la Boule d’Or, Paul Lignon naît le 9 mars 1909. Tout jeune, il se pique au jeu du ballon ovale sous le maillot du Stade Ruthénois. Parallèlement à une carrière professionnelle d’adjoint technique aux Ponts et Chaussées, il anime, de 1928 à 1939, les lignes arrières du quinze ruthénois, apportant dans la pratique de ce sport sa science et toute son ardeur.
« Que de fois avons-nous vu la foule se lever dans les tribunes pour applaudir l’arrière du stade fonçant, dans son style particulier, au milieu des adversaires après s’être emparé du ballon. Mais ce qui était surtout apprécié chez Lignon c’était sa loyauté, sa modestie. Ce joueur qui luttait jusqu’au bout avec courage, savait s’incliner devant la défaite et rendre hommage à la valeur de l’adversaire, il acceptait timidement les ovations qui saluaient ses exploits et reportait sur ses camarades tout le mérite de la victoire. Aussi, Paul Lignon ne comptait que des amis parmi ses coéquipiers et parmi ses adversaires qui reconnaissaient sa valeur et louaient son jeu franc et loyal. »
Mobilisé dès les premiers jours de la guerre, Paul Lignon, sergent au 5e R.I. coloniale, succombe dans les combats de Oches (Ardennes), le 23 mai 1940. Il n’a que trente et un ans.

Paul Lignon. 1er accroupi en partant de la droite
A l’issue de la guerre, ses anciens camarades, joueurs, dirigeants et supporters proposent à la ville de Rodez, propriétaire des lieux, de donner le nom de Paul Lignon à l’enceinte sportive appelée Parc des Haras. En décembre 1944, Charles Grimal, ancien joueur de Millau, qui tient la rubrique sportive du tout nouveau Rouergue Républicain, relaie cette idée par voie de presse. Essai bientôt transformé quand, sur proposition du président du Stade Ruthénois rugby, M. Alquier, le conseil municipal de Rodez, réuni dans sa séance du 2 février 1945, accepte à l’unanimité de donner le nom de Paul Lignon à l’enceinte sportive où, quelques années plus tôt, il a accompli tant d’exploits sportifs.
L’inauguration du stade Paul-Lignon coïncide avec la fin de sa rénovation, après cinq longues années d’occupation. Rénovation qui, selon Aimé Biau, « ne fut pas une réussite » concernant le sol et la pelouse. « Déjà l’année suivante, argumente-t-il, on pouvait voir le dimanche, par temps de grosses pluies, des dirigeants chaussés de bottes, s’affairer avant une rencontre pour essayer de faire évacuer l’eau. » Pour l’occasion, les dirigeants du Stade avaient mis en place une rencontre de prestige entre le F.C. Sète, alors en Division 1 contre une sélection de joueurs parmi les meilleurs en France. Sélection à laquelle avait été intégré le joueur du Stade Dellus, sélectionné également dans l’équipe de Ligue du Midi.
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