Le barrage maudit.  Malpasset le bien nommé. 11 novembre 1959. Fréjus

« Le temps s’était remis au beau. Le ciel s’était dégagé. Le vent était tombé. La mer s’était calmée et ne balayait plus la côte que de petites vagues rageuses et impuissantes. La pluie avait cessé. Pendant trois jours et trois nuits, le vent, l’eau du ciel et de la mer s’étaient réunis sur la terre. Pendant trois jours et trois nuits, la mer déchiquetée par la tempête s’était abattue sur la côte en vagues monstrueuses, renversant les digues, coulant les bateaux dans les ports, éventrant les maisons, submergeant les rues de galets, de sable, de boue et de dizaines de centaines de tonnes de détritus, de pierres, d’arbres, de meubles, de voitures, de pneus, qu’elle avait avalés, broyés et qu’elle vomissait. Le vent avait sifflé au ras du sol emportant tout sur son passage. Pendant trois jours et trois nuits, le ciel noir s’était déversé sur la terre, gorgeant les montagnes qui suaient l’eau, la boue, la pierre inondant les bas quartiers des villes et des villages, ravinant la campagne, nourrissant la mer d’une lave épaisse. Pendant trois jours et trois nuits le vent avait poussé dans le ciel d’énormes nuages violets au fur et à mesure que le ciel fondait sur la terre. Puis, à l’aube du mercredi 2 décembre… le soleil avait brillé… »[1]

Malpasset, l’indestructible

Malpasset ! Des années qu’on en parlait de ce barrage qui permettrait de constituer un réservoir d’eau pour irriguer les riches terres alluviales de la plaine en période de sécheresse. André Coyne, ingénieur, spécialiste incontesté de la construction des barrages, est chargé de sa réalisation. Coyne choisit le site de Malpasset. Le Reyran sera dompté, plus de crues dévastatrices, plus de sécheresse, plus de souci d’approvisionnement pour tous ces touristes qui commencent à affluer à chaque été et une réserve d’eau salutaire pour combattre les incendies des forêts de l’Estérel.

Malpasset ! les Varois ont des avis partagés. Ils connaissent l’impétuosité du Reyran, rivière capricieuse qui se transforme au gré des pluies en torrent. Ils savent ses eaux dormantes en été et furieuses en hiver qui, depuis les gorges de l’Estérel, emportent dans leur folle descente cailloux et sable ravinant le massif,  inondant la plaine jusqu’aux quartiers de Fréjus pour se jeter rageusement dans la Méditerranée.

Malpasset !  Nom d’un brigand, du temps lointain des diligences, bandit de triste mémoire qui a laissé son nom honteux au pays.

Les journaux en ont assez parlé de cette merveille technologique, barrage-voûte d’une exceptionnelle résistance à la pression, quasiment indestructible contrairement aux barrages-poids, plus vulnérables à la force de l’eau. « Le barrage le plus mince d’Europe » : 1,50 mètre à la crête ! Cette prouesse architecturale n’est pas de l’ordre à rassurer le bon sens des locaux qui savent bien que l’indomptable nature provençale se fiche de la technique, se gausse des experts et se méfie des savants parisiens. « Ce barrage nous fera pleurer un jour », disaient-ils.

Une étrange prémonition

André Ferro est inquiet. La pluie tombe sans discontinuer depuis trois jours. Jamais le barrage n’a atteint un tel niveau depuis son inauguration, voici cinq ans. Déjà, il y a deux jours il a reçu l’ordre d’ouvrir la vanne pour faire baisser le niveau mais aujourd’hui c’est impossible : les ingénieurs du chantier de l’autoroute juste en aval du barrage sont en train de couler les piles en béton du futur pont, on ne peut gâcher l’ouvrage. André est le gardien du barrage. Consciencieux, il a passé la journée de mercredi sur le parapet à regarder impuissant l’eau monter. La peur devient angoisse à mesure que le soir tombe. Déjà, il fait nuit quant à 18 heures, il reçoit enfin l’ordre de relâcher un peu la pression. Désormais, il scrute désespérément la retenue qui s’étend sur dix-huit kilomètres de long. L’eau ne descend pas, ou pas assez vite, il faudra des heures et des heures…

Le barrage, c’est sa vie, son honneur,  pour cet ancien mineur italien qui a fui le fascisme pour s’installer à Malpasset. L’ingénieur du Génie rural a pressenti les qualités de cet homme et l’a recruté comme gardien du barrage. Nul mieux que lui ne connaît cette terre, ses humeurs,  ses secrets, son âme. Il a tremblé quand en novembre 57, il a senti la voûte frémir sous ses pieds suite aux tirs de mines déclenchés par les ouvriers de l’autoroute Estérel-Côte d’Azur, à moins de trois cents mètres. Il a transmis ses craintes aux ingénieurs, les tirs ont continué…

André descend vers sa maison où l’attend sa femme et son petit garçon. Il mange du bout des lèvres et soudain prend la décision d’aller passer la nuit en haut, sur la voûte, comme si sa seule présence allait éloigner le danger que déjà il pressent. Il n’a pas d’autres choix  pour exorciser la sombre intuition qui lui tord les entrailles. Le temps d’enfiler un pull et la menace latente explose. Il est tétanisé par « une sorte de grognement d’animal » suivi d’un bruit assourdissant de ferrailles tordues : « Le barrage ! Vite ! Vite !», hurle-t-il. Il arrache sa femme à la télévision, le gamin à son sommeil  et les entraîne sur le haut de la colline.

Il est 21h 13. Le barrage vient de céder !

 

À  21 h 35 : La vague atteint le transformateur de l’E.D.F. et plonge Fréjus dans l’obscurité.

À 21 h 40 : Le flot atteint la rue de Verdun et les Arènes de Fréjus.
À 21 h 45 : L’eau envahit la gare de Fréjus et le quartier de Fréjus Plage.
À  21 h 49 : L’autorail Marseille-Nice est submergé.

À 21 h 50 : Le torrent arrive à la mer, inondant la base aéronavale.
À 22 h 15 : Le tocsin sonne à Fréjus. La ville est coupée du monde.


Une vague de 60 mètres

Cinquante millions de tonnes d’eau ont eu raison de la retenue. Une vague de soixante mètres de haut sur une largeur de cent déferle sur le premier contrefort ; une éclaboussure de plus de cent mètres jaillit dans le ciel, terrifiante ; le rouleau monstrueux se pelotonne à chaque méandre que fait la vallée et continue sa course mortelle emportant tout sur son passage. Les maisons sont soulevées comme fétus de paille ; des blocs de béton de cinq cent tonnes roulent dans un fracas épouvantable. Les millions de tonnes d’eau et de boue s’enfoncent comme un coin dans la vallée. L’autoroute en chantier est emportée et les baraquements des ouvriers s’envolent sans laisser aucune chance à leurs occupants endormis.

La vallée est labourée par la violence de cette masse d’eau qui arrache la montagne, les routes, les arbres, les fermes et atteint en une dizaine de minutes Fréjus. En moins de sept minutes, dans la vallée du Reyran, c’est une cinquantaine de maison qui sont détruites et déjà plus d’une centaine de morts sans qu’aucune alerte n’ait alarmé les Fréjusiens.

Les bas-quartiers sont sous l’eau. Des façades entières de maison se détachent. Les voitures et les meubles sont projetés dans les airs. L’autorail Marseille-Nice est englouti. Certains passagers arrivent à se réfugier dans la première voiture qui est restée sur les roues et parviennent à se sauver. Les autres sont emportés, noyés… On retrouve un passager accroché à un poteau avec sa cravate, il est épouvanté mais vivant… Des cadavres flottent. Les eaux boueuses du lac se mélangent dans un fracas terrible à la mer et s’enfoncent jusqu’à plusieurs miles de la côte. L’effroyable roulement s’estompe. 22 h 15 : le curé de Fréjus sonne les cloches. Dérisoire tocsin. Tout est fini ! Tout est à faire.

Les Ferro ont grimpé la colline à perdre haleine, l’eau grondant à leurs talons. Course effrénée, perdue d’avance. La vague les engloutit. Ils roulent dans le magma de boue jusqu’à ce qu’un choc de deux murailles de béton les soulève et les envoie dix mètres plus haut, sonnés mais vivants. Bien peu auront cette chance insolente.

Les Fréjusiens rescapés sont des survivants suspendus à quelques branches, à une gouttière, à une improbable épave, souvent déshabillés pas la force de l’eau ou en pyjama hurlant dans la nuit leur peur. Sur les toits des maisons, ils s’accrochent, blessés, trempés, hagards. Ils regardent incrédules les corps qui émergent de la gadoue ; les voitures et les camions ensevelis sous la  boue. La rue de Verdun a disparu ; la Nationale 7 a été soufflée ; la vague meurtrière a emporté les fermiers de la vallée, les ouvriers de l’autoroute, les soldats du Camp de l’Intendance et de nombreux habitants des bas-quartiers de Fréjus.

Réfugié au deuxième étage de sa maison, un paysan a eu la peur de sa vie :

« J‘ai vu arriver la trombe d’eau qui me dominait de plusieurs dizaines de mètres, encerclant la maison. Les murs ont tenu. Quelques secondes plus tard, elle était passée, mais le flot continuait à couler, dans lequel je pouvais tremper mes mains. Au loin, la vague progressait à la vitesse d’un cheval au galop et je voyais sur la route les phares des voitures bousculées et traînées comme des fétus de paille. 

« On aurait dit dix avalanches à la fois ! soutiennent des métayers.

« Cent trains lancés à cent kilomètres/heure sur des voies parallèles ! Renchérissent les cheminots. »

Entre la route et la voie ferrée, un couple a été réveillé par le vacarme. La femme dans un demi-sommeil croit entendre le  train. L’homme se lève, ouvre la fenêtre :

« À la place du train, et presque aussi vite que lui, j’ai vu passer un arbre, un camion et des tonneaux entraînés par un courant furieux qui montait presque aussi vite que du lait dans une casserole. »

Les témoignages se succèdent, évoquant la fin du monde, un raz de marée, un tremblement de terre.

La piste aux étoiles

Le plan ORSEC – plan d’organisation des secours – est immédiatement déclenché. Les militaires des bases locales ainsi que des hélicoptères de l’armée américaine basés dans les environs s’occupent de porter secours aux survivants, mais aussi de dégager les corps des victimes. Des projecteurs puissants balaient la zone sinistrée, orientant les sauveteurs qui, sans relâche, arrachent des miraculés à la mort. Les hélicoptères lancent des échelles de corde sur les toits. Soldats, civils et gendarmes extirpent des carapaces boueuses des corps méconnaissables mais vivants. Un de ces héros de la nuit aura la tête coupée par une pâle en opérant son huitième sauvetage. La marine française et la sixième flotte américaine se dépêchent sur la côte sinistrée. Des barques et des canoës pneumatiques repêchent dans le noir des survivants à la dérive. Un des marins témoigne : « Je fus étonné par la couleur de la mer, la Méditerranée n’était qu’une étendue de boue. À deux ou trois miles de la côte, nous avons commencé à voir des meubles flotter… Comme il n’y avait plus de route entre Fréjus et Saint-Raphaël, les marins ont mis à l’eau des petites péniches de débarquement pour évacuer les survivants vers le port voisin… Après trois ou quatre jours les hélicoptères de Villefranche-sur-Mer ont commencé à venir déposer des paquets de boue, il s’agissait de morts dans leur gangue de terre. Au début nous les nettoyions de notre mieux, avec les moyens du bord. Puis devant le nombre, nous avons dû avoir recours à la lance à incendie. »

Le jour se lève enfin. Quelques-uns, qui ont échappé à la mort, racontent leur miracle telle cette famille qui a refusé après hésitation de monter dans une voiture, préférant grimper sur le toit à l’aide d’une échelle. L’eau emporte l’échelle alors que le père, en dernier, s’apprêtait à sauter sur le toit. L’homme s’agrippe à la gouttière. Dans un coup de rein incroyable, il est hors de danger. Au même moment, la voiture en bas est emportée par la vague… Tel ce jeune couple, prisonniers dans leur chambre, résolus à mourir main dans la main, qui ont attendu en priant que l’eau monte. Et l’eau est montée, encore et encore, a soulevé le lit, l’a collé au plafond. Déjà, ils ne peuvent plus respirer quand l’eau redescend, ils sont vivants ! Tellement de miracles, tellement d’héroïsme, mais tellement de morts. De la boue, émergent des bras, des jambes, des corps de femmes serrant les enfants, des hommes portant leurs femmes, des petits accrochés aux aînés, et des gens qui courent pieds nus, qui appellent, qui cherchent et qui ne trouvent pas. Des parents, qui reviennent du cinéma à Saint-Raphaël, ne voit plus leur maison, emportée par les flots avec les enfants qui n’avaient pas voulu rater la « Piste aux étoiles ». La « Piste aux étoiles » qui a sauvé cette gamine, invitée dans la ville haute pour voir Achille Zavatta, ses parents ont disparu… Le clown vedette qui reçoit quelques jours après une émouvante lettre : « Cher Zavatta, vous m’avez sauvé la vie. C’est parce que maman et moi étions en train de regarder la télé que nous étions réveillées et toutes habillées. Quand l’eau est venue, nous avons pu sauter par la fenêtre. »

C’était un temps où les enfants n’avaient pas classe le jeudi et la veille, ils pouvaient regarder la télé.

Un lourd bilan

423 morts répartis en : 27 non identifiés. 135 enfants de moins de quinze ans. 15 enfants de 15 à 21 ans. 134 adultes hommes. 112 adultes femmes. 79 orphelins.

951 immeubles touchés dont 155 entièrement détruits. 1350 hectares de terres agricoles sinistrées dont 1030 hectares totalement. Par ailleurs, 2,5 kilomètres de voies ferrées ont été arrachés, 50 fermes soufflées, 1000 moutons et 80 000 hectolitres de vin perdus. On imagine la même catastrophe l’été quand plus de 6000 campeurs s’installent dans la vallée du Reyran et que Fréjus est envahi de touristes.

Ce 3 décembre, à Fréjus, c’est la désolation. La place du village est recouverte de cercueils sur lesquels des noms, des prénoms d’enfants ont été écrits à la craie. Ils seront enterrés dans des fosses communes creusées à la hâte par les engins du chantier de l’autoroute… Dans les rues, parmi les débris bourbeux, certains, le visage ravagé par les larmes, cherchent encore un signe de vie. Il faut apprendre à cette femme que son mari et ses quatre enfants viennent d’être déterrés ; à cet homme qu’il a perdu toute sa famille : ils étaient neuf, il est seul.

La zone est totalement sinistrée. Le 17 décembre, le général de Gaulle en visite s’adresse aux survivants : « Je dois dire et vous l’avez tous sentis, l’élan de solidarité du pays tout entier en faveur des sinistrés. Cet élan a ces conséquences que vous apercevez déjà. Monsieur le Maire en a d’ailleurs parlé et pour ce qui concerne la reconstruction nous ferons le nécessaire mais avant tout, je tenais à ce que vous sachiez quels sont mes sentiments à cet égard et les sentiments du pays tout entier. Voilà ce que je voulais vous dire bien simplement. »

L’heure arrive des « pourquoi » ? Pourquoi le barrage de Malpasset s’est éventré la première fois qu’il a été rempli ?

Pourquoi ?

Les questions et surtout les réponses aux questions de la responsabilité sont indispensables pour le travail de deuil des familles des victimes car le traumatisme dans la région est immense. C’est la plus grande catastrophe de ce genre qui n’ait jamais touché la France.

Les élus du Var demandent quelques jours après le drame que la lumière soit faite sur les responsabilités : « Non, nous ne sommes ni des accusateurs, ni des juges. Nous n’avons pas non plus à être des avocats. Nous n’accusons personne. Mais nous sommes des hommes bouleversés par l’ampleur de la catastrophe de Malpasset imprévisible qui a semé la mort, alors que nous avions voulu, nous, faire une œuvre de vie. »

Après les larmes, la colère quand après des années d’expertises et de procès, l’arrêt définitif rendu par la Cour de cassation en date du 7 décembre 1967 notifiera ceci : « Aucune faute, à aucun stade, n’a été commise… Aucune infraction aux règles de l’art, ni aucun vice dans la conception de l’ouvrage et la façon dont furent exécutés les travaux ».

L’architecte André Coyne est mis hors de cause. Le maître incontesté des barrages-voûtes, « auteur » de soixante-dix barrages dont celui majestueux de Tignes, est le premier pourtant à se déclarer responsable. Il sera le grand absent des procès. Profondément affecté par l’ampleur de la tragédie, il meurt le 21 juillet 1960, six mois après le drame.

L’hypothèse d’un séisme est écartée ainsi que celle de l’incidence des tirs d’explosifs sur le chantier de l’autoroute. Cependant, un ingénieur du Génie rural chargé de superviser les travaux reste convaincu du contraire :

« Les tirs n’étaient pas encore réglementés ; il s’agissait de tirs au cordon, toutes les charges explosaient d’un coup, avec l’effet d’une bombe. Ce type de tirs est désormais interdit, remplacé par le tir électrique, les charges explosant l’une après l’autre. C’est une sorte de bombe qui a fait sauter le barrage. À chaque tir le gardien voyait des vaguelettes de plus de dix centimètres sur le lac. »

Un expert souligne la qualité médiocre de la roche et dénonce une série de failles sous le côté gauche du barrage « ni décelées, ni soupçonnées » qui affaiblissaient l’assise de la voûte. Le rocher fragile a « littéralement sauté comme un bouchon, et le barrage s’est ouvert comme une porte… » Un autre expert réfute cette théorie : « Le rocher, quoique médiocre, était cependant capable de supporter les pressions imposées par l’ouvrage  ».

Comment admettre que c’est la faute à « pas de chance » ; que seule la fatalité a provoqué la rupture du barrage « indestructible », fleuron de la technicité française ? 423 morts et peut-être bien davantage car il se murmure que beaucoup d’ouvriers clandestins travaillaient sur le chantier de l’autoroute, des rescapés du tremblement de terre d’Orléansville en 1955 qu’on était allé chercher par bateaux et qui s’entassaient dans les baraquements dans la vallée du Reyran… Des sans-papiers, des « qui n’existaient pas »… qui n’existent plus.

Les accusations précèdent les démentis. On reparle d’une déformation enregistrée l’été précédent dont la constatation resta sans suite. On reparle d’économies qui auraient été réalisées sur la construction… on parle… on parle… tandis que des dizaines de malheureux gamins s’enfoncent dans la solitude affective des orphelinats et que les rescapés essaient courageusement de survivre à ce deuil impossible.

« Commémorer, c’est aimer… »

Plus de cinquante ans après la tragédie, l’insoumis Reyran a été définitivement canalisé dans une voie en béton mais le mystère de la catastrophe reste entier. Un espace mémoire en hommage aux victimes est inauguré pour le cinquantième anniversaire de la tragédie de Malpasset. L’émotion est grande quand une élue  évoque la nuit dramatique : « Pour les soixante-dix-neuf orphelins, pour les familles déchirées, la vie ce matin-là, s’ouvre sur l’errance, le vide, le froid. Dans notre douleur, nous voilà devenus frères et sœurs de l’humanité souffrante. Ce 3 décembre, c’est aussi une révélation, celle du courage, du dévouement, de la solidarité et pour tous les Fréjusiens, la volonté de se tenir debout coûte que coûte…Commémorer c’est aimer, porter un regard neuf… » L’ancien ministre François Léotard, dont le père André était maire de Fréjus en 1959, évoque lui aussi la formidable « vague de vie, de solidarité humaine, de fraternité » qui a suivi l’effondrement meurtrier.

Sur les six colonnes du mémorial qui s’élèvent vers les nuages, on peut lire la phrase lancée par le général de Gaulle après le drame : « Que Fréjus renaisse ! »

[1]             « Détective » du 11 décembre 1959

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