Alerte aux zeppelins !
29 janvier1916. La nuit est tombée sur Paris. Une nuit froide d’hiver qui fait hâter le pas des Parisiens dans les rues. Du côté de Belleville ou de Ménilmontant, le calme règne. Une vie ordinaire rythmée par le travail, les difficultés quotidiennes et les nouvelles du front. Soudain, ce quartier populaire de Paris est secoué par une série d’énormes explosions qui jettent le désarroi parmi les habitants. L’effet de surprise est total. Pas moins de dix-huit bombes viennent de tomber du ciel sans que le moindre bruit ait pu être détecté. Seul, un ballon dirigeable de type Zeppelin, volant à haute altitude, a pu survoler Paris en silence. Ce jour-là, le zeppelin LZ-79 fera vingt-six morts et trente-deux blessés dans la capitale. Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si un second dirigeable, le LZ-77, n’avait dû rebrousser chemin à mi-parcours pour raisons mécaniques. Le LZ-79, quant à lui, s’écrasera en Belgique, quelques heures seulement après le bombardement. Le lendemain, un journal titre, photo à l’appui : « Crimes odieux des pirates boches. »
En 1915, les zeppelins ont déjà un long passé derrière eux. Ce ballon dirigeable, qui concurrence son alter ego français, doit tout à son inventeur, le comte von Zeppelin. L’homme croit en ce nouveau moyen de transport d’autant plus qu’il trouve un soutien de poids en la personne du kaiser Guillaume II et des milieux financiers sans lesquels leur construction n’aurait pu aboutir. Jusqu’aux années de guerre, de nombreuses améliorations sont apportées à ce dirigeable, notamment dans l’étanchéité et la résistance de la toile. Dès le début du conflit, le zeppelin sert à la reconnaissance sur le terrain avant d’être transformé en bombardier stratégique. Une fonction qui ne survivra pas au développement de l’aviation, dont les appareils sont jugés plus maniables et posant moins de problèmes techniques.
Faire peur à la population. Jouer sur son moral : deux mois plus tard, à trois reprises, les 7, 20 et 22 mars, Paris est à nouveau la cible des zeppelins. Mais avant d’atteindre la capitale, des employés de chemins de fer de la gare de Compiègne repèrent leur passage : quatre zeppelins qui naviguent à grande vitesse. Deux rebroussent chemin avant d’atteindre leur objectif. Les deux autres, pris sous le feu de la défense de Paris, font demi-tour mais réussissent à déverser quelques bombes sur la ville avant de repartir et de lâcher le reste de leur contenu sur les usines de la banlieue nord-ouest de la capitale. En tout une cinquantaine de bombes qui n’occasionnent que des dégâts matériels.
Paris n’est pas l’unique objectif des zeppelins. A plusieurs reprises, les villes du nord et de l’est subissent leurs bombardements. Calais est attaquée à plusieurs reprises entre mars et mai 1915. Les bombes larguées occasionnent de nombreux dégâts et provoquent la mort d’une trentaine de personnes. C’est aussi le cas de Nancy, cible de plusieurs raids qui ne font pas de victimes.
Les zeppelins participent également à la bataille de Verdun. Leur rôle est de pilonner les voies de communication françaises afin de retarder les déplacements de l’armée. Le LZ-77 parvient ainsi à détruire le nœud ferroviaire stratégique d’Epernay.
Au fil de la guerre, les dirigeables deviendront de plus en plus énormes, pouvant atteindre une vitesse de 103 km/h. Londres devient leur cible privilégiée. Mais les échecs sont cuisants. De nombreux dirigeables allemands sont abattus par l’aviation française et britannique.
Le comte von Zeppelin disparaît le 8 mars 1917. Il ne verra pas la mise en sommeil, lors du traité de Versailles, de l’œuvre de toute une vie avant que la catastrophe du Hindenburg, le 6 mai 1937, ne vienne clore une aventure débutée au début du XXe siècle.


Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !