Premières écoles

L’histoire de l’enseignement ne remonte pas à Jules Ferry. Ni même aux grandes transformations de la Révolution française. Sans doute non plus ne s’arrête-t-elle pas au XVe siècle, période où quelques documents attestent déjà de la présence d’un enseignement à Rodez. Au-delà, l’absence de documents d’archives laisse place aux suppositions, comme l’écrit Henri Affre dans ses Lettres sur l’histoire de Rodez : « Il en est des écoles de Rodez comme d’une foule d’autres institutions de cette même ville. Bien des documents attestent leur grand âge, mais aucun ne nous éclaire sur l’époque de leur commencement. »

Prenant prétexte de la fondation du collège des Jésuites en 1562, deux historiens aveyronnais (Henri Affre donc et Pierre Benoit) se sont interrogés sur les débuts d’un enseignement sur le piton. Il en ressort que Rodez possède bien une école située dans « maisons et bassecourt assises à la porte de Pénavayre », achetées par les consuls en 1415 au sieur d’Arpajon. L’école est alors dirigée par un « régent » ou « principal » ou « arcien », détenteur d’un diplôme maîstre-es-arts, et chargé d’enseigner des humanités, la philosophie et les sciences. Deux adjoints le secondent : un poète et un grammairien ou bachelier. Les deux communautés de la ville (la Cité et le Bourg) conservent toutefois la mainmise sur la nomination du régent, désigné par un jury d’élite à la suite d’un examen passé au couvent des Jacobins. Avant confirmation par l’évêque. A charge pour les deux communautés d’entretenir les locaux. L’instruction est gratuite. La durée du bail s’étend sur une année et se termine à la saint-Jean-Baptiste.

En 1533, un quatrième maître chargé « d’enseigner les petitz enfans aux premiers rudiments », soit d’apprendre à lire les heures et les psaumes s’ajoute aux trois maîtres grâce à la prise en charge de son traitement par le recteur de la cathédrale M. Orguelli puis par le sacristain de Notre-Dame de Rodez, Nicolas de Mangin.

Cet enseignement, voulu par les deux communautés, ne s’interrompt pas avec la création du collège des Jésuites. Les Archives communales révèlent qu’au début du XVIIIe siècle, deux maîtres écrivains, salariés par la ville, continuent à instruire. En effet, le 13 décembre 1698, une ordonnance royale a rendu l’instruction gratuite et obligatoire des enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. Sans être appliquée dans l’ensemble du royaume. Cette école cède la place en 1744 aux Frères de la Doctrine chrétienne, appelés par l’évêque, Mgr Ize de Saleon, pour assurer l’instruction primaire gratuite des enfants ruthénois. Deux Frères sont envoyés à Rodez par le supérieur général, le Frère Thimothée. L’école se situe dans un bâtiment appartenant à M. Delauro, lieutenant général de la sénéchaussée, rue de Cantobre (actuel impasse Cambon). « A cette fin, en 1771, ils ont un honnette logement et un modique revenu de 800 livres ; je dis modique, car de la dite somme il faut déduire les charges et l’entretien de la dite maison qui se monte à plus de 80 livres », écrit Lempereur dans Etat du Diocèse de Rodez. Les Frères assureront cet enseignement jusqu’en 1792. Au programme, l’étude de l’écriture, du calcul, de la lecture, du dessin…

En 1680, M. de Tullier, président-trésorier général de France à la généralité de Montauban, crée un collège secondaire réservé à sa parenté et à ses alliés. « Ils sont d’abord six, écrit Jean Delmas, et la scolarité dure six ans. »

L’enseignement des jeunes filles est beaucoup plus tardif. Il n’existe pas de documents révélant cette instruction avant 1626 quand une délibération des consuls de la Cité et du Bourg, à la condition expresse de ne point mendier, de payer la taille et autres contributions et d’instruire sans rétribution aucune les jeunes filles de la ville, autorise les sœurs de Notre-Dame à ouvrir un établissement le 14 avril 1627, place neuve de la Cité (actuelle place de la Préfecture), dans une maison des comtes de Sévérac. Deux sœurs et trois novices assurent un enseignement gratuit, malgré la faible participation des deux communautés (15 livres annuels).

Au fil des années, l’établissement prospère à tel point qu’il faut agrandir les bâtiments. Corps de logis supplémentaires, enclos du jardin et église sont édifiés en plein cœur de la cité ruthénoise.

D’autres maisons religieuses procurent à Rodez un enseignement. « Le couvent de Sainte-Catherine, écrit toujours Jean Delmas, reçoit des filles de nobles et de magistrats. Celui de l’Annonciade accueille depuis 1519 quinze pensionnaires dont la durée de séjour est variable.

Leurs parents paient une pension mensuelle (13 livres en 1755). A la veille de la Révolution, l’instruction des jeunes filles se partage entre les sœurs de Notre-Dame, les Dames de l’Union et de quelques écoles payantes.

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