Henri de Guise, le Balafré qui se croyait invulnérable
Dans la rivalité que se livrent protestants et catholiques pour prendre le pouvoir et imposer leur religion, guerres, massacres et attentats ensanglantent la seconde moitié du XVIe siècle. L’assassinat du duc de Guise par Henri III marque une étape importante de ce conflit avant que le roi ne subisse la loi du talion en succombant sous le couteau du moine Clément.
Les guerres des trois Henri
Huit guerres, entre 1562 et 1598, scellent la rivalité entre catholiques et protestants durant cet épisode sanglant des guerres de religion qui atteignirent leur paroxysme dans la nuit de la Saint-Barthélemy. Rivalité qui aboutit à l’élimination successive des principaux protagonistes : Henri de Guise le 18 juin 1563, assassiné par le protestant Poltrot de Méré ; le guet-apens monté par le roi Henri III dans lequel tomba son fils, le Balafré, à Blois, le 23 décembre 1588 ; la vengeance catholique se manifesta ensuite par la mort du souverain tombé sous les coups du moine Clément avant que Ravaillac ne conclue cette litanie criminelle en plantant à deux reprises son couteau dans le cœur d’Henri IV.
Un Guise peut en cacher un autre !
Une famille de militaires tout ce qu’il y a de plus prestigieux au XVIe siècle mais aussi de plus exaltés en faveur de la foi catholique, au point de se prendre le bec avec le pouvoir royal. Tels sont les ducs de Guise successifs, chefs de la Ligue et ennemis jurés des protestants.
Issue de la branche cadette des ducs de Lorraine, cette famille s’illustra d’abord durant les guerres de François Ier avec Claude de Lorraine, 1er duc de Guise puis avec François Ier de Lorraine qui prit le commandement de l’armée royale contre les Anglais. Le troisième de la lignée, Henri Ier de Lorraine, ne dérogea pas à la règle, menant un combat incessant contre les protestants jusqu’à son assassinat.
Paris s’enflamme
Des barriques, encore des barriques qui bouchent, les unes empilées sur les autres, les principales rues de Paris, depuis la place Maubert d’où est partie l’insurrection (12 mai 1588) dirigée par les seize quarteniers. La cause de cette explosion contestataire : l’arrivée de milliers de gardes suisses et français sur ordre d’Henri III. De quoi mettre le feu au poudre et de provoquer la colère du duc de Guise, rentré quelques jours plus tôt à Paris malgré l’interdiction royale.
La victoire du duc est écrasante, obligeant Henri III à prendre la fuite puis à signer l’édit d’Union et à nommer de Guise, lieutenant-général du royaume. Provisoirement du moins…
La ruse d’Henri III
Certes, le roi a dû fuir. A Saint-Cloud d’abord puis à Chartres, Rouen et enfin à Blois d’où il rumine sa vengeance en attendant les Etats-Généraux qui doivent s’ouvrir à Blois, le 16 octobre 1588.
L’humiliation est terrible et ne peut rester impunie sous peine de voir affaiblir sa légitimité. Malgré de réels efforts pour régler le conflit entre catholiques et protestants, Henri III s’heurte aux extrémistes des deux camps. De Guise doit mourir ! Le plan est simple : il suffit de flatter le chef des Ligueurs et de l’attirer à Blois.
Dans la gueule du loup
Un colosse, cet Henri de Guise ! Deux mètres de la tête aux pieds. Redoutable combattant malgré une blessure qui lui vaut le surnom de Balafré. Fier et arrogant qui plus est, sûr de sa force et de son pouvoir au point de se jeter sans crainte dans la gueule du loup en se rendant au château de Blois. Trop sûr de lui sans doute, qui croit qu’Henri III l’a invité pour le nommer connétable. Fatale erreur ! Le dessein du monarque est tout autre : éliminer de Guise pour ouvrir la voie de succession à son cousin, Henri de Navarre, un protestant ! Une hérésie pour les catholiques.
Le Balafré succombe sous les coups
Depuis son appartement du château de Blois, Henri de Guise a reçu un message d’Henri III de le rejoindre dans son « cabinet vieux », proche de la salle du Conseil. Le duc ne se méfie pas. Pour gagner le lieu de rendez-vous, il doit passer par la chambre du Roi. Depuis plusieurs minutes, huit hommes de la garde rapprochée du roi, les Quarante-cinq, se tiennent cachés, prêts à fondre sur celui que le roi vient de condamner à mort. Quand le duc de Guise se rend compte du complot, il a encore le temps de sortir sa dague et de blesser quatre de ses assaillants. Mais il succombe vite sous le nombre, touché par une trentaine de coups d’épée et de dagues.
A qui le tour ?
En découvrant au sol le corps exsangue de son rival, Henri III s’exclame : « Mon Dieu, il est aussi grand mort que vivant ! ». Dans sa poche, les gardes ont trouvé un papier où est inscrit : « Pour entretenir la guerre en France, il faut sept cent mille écus, tous les mois ».
Le cadavre du duc de Guise confié au bourreau est dépecé puis brûlé avant d’être jeté dans la Loire. Son frère, le cardinal de Lorraine, subira semblable sort. Emprisonné, il est exécuté puis son corps brûlé.
Le chef des Ligueurs disparu, les catholiques réglèrent leur compte avec le roi, tué d’un coup de couteau à l’abdomen par le moine Jacques Clément. La porte du pouvoir était désormais ouverte à Henri de Navarre.


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