Le ciel au-dessus de la vie. Marcel Brindejonc des Moulinais
De l’audace, encore de l’audace… et du panache. Marcel Brindejonc des Moulinais est le représentant de ces aviateurs qui placent leur désir de voler au-dessus de leur vie. Moins connu que Roland Garros et Guynemer, il a laissé une trace dans le ciel en volant comme un oiseau. La germination d’une passion naît de la portée d’un événement exceptionnel vécu. Pour le jeune Marcel, âgé de dix-sept ans, le déclic survient en suivant les courbes harmonieuses de l’avion de Roland Garros au-dessus de Dinan. Nous sommes en 1909. Le tout début des meetings d’aviation. L’époque où chaque ville française veut voir un engin survoler ses toits, rassemblant des foules immenses, admiratives devant ces acrobates du ciel à bord de leurs avions faits de planches en bois, de tissus et de fil de fer. Des casse-cous affublés de noms terrifiants comme celui de Louis Gibert, surnommé « La terreur des toits de Grenelle » depuis son atterrissage sur le toit d’une usine parisienne. Marcel Brindejonc veut être de ceux-là ! De ces insensés qui, à chaque vol, mettent leur vie en suspens.
Dans sa famille, on renâcle. Avec une licence de mathématiques, Marcel peut songer à une autre carrière que celle de jongleur des airs. Mais le jeune homme est persuasif et la famille consent à lui prêter 4000 francs pour l’achat d’un premier avion. Une Demoiselle achetée à l’une des stars de l’aviation de l’époque, Santos-Dumont. Encore faut-il passer puis obtenir le brevet de pilote civil ! C’est chose faite à Pau le 23 mars 1911. Place désormais aux exhibitions et aux risques ! Car les organisateurs et le public en veulent pour leur argent. Et puis Marcel doit rembourser le prêt consenti par sa famille. A deux reprises, il frôle la mort en chutant de cinquante et cent mètres. Qu’importe ! Quelques contusions ! Quelques fractures ! A l’époque, on ne vole pas sans casser un avion.
Du gagne-pain des meetings, Marcel Brindejonc veut voir lui-aussi plus loin. Car tout va très vite dans le domaine de l’aviation. Des moteurs plus puissants. Des avions plus robustes. Plus fiables. Bien que ! Et voilà notre aviateur de vingt-et-un ans s’élancer dans des raids solitaires à travers l’Europe. Paris-Londres-Bruxelles-Paris avec à la clef une réprimande des Anglais pour avoir survolé leur capitale sans autorisation. Suivi d’un raid Paris-Madrid-Barcelone-Paris et, plus loin encore, Paris-Varsovie-Saint-Pétersbourg-Stockholm-Copenhague-Paris, acclamé à chaque atterrissage par des foules accourues et reçu par tous les rois et empereurs de ces états.
La guerre ne lui coupera pas les ailes. Caporal puis lieutenant, il incorpore l’escadrille DO 22, avec un rôle d’observation des troupes ennemies. Mais une santé fragile l’oblige à rejoindre l’arrière puis d’être affecté au Bourget pendant plusieurs mois avant son retour comme pilote en 1916. Alors que les combats font rage dans la poche de Verdun, il entreprend une mission d’observation quand son avion est abattu par deux Nieuport français au-dessus de Vadelaincourt. La fatalité qui le prive de devenir un as des as.
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