Louis Polonia. Le footballeur exemplaire
Louis Polonia, débute en 1952, âgé de 17 ans, dans l’équipe première du Stade Ruthénois football, qui vient d’accéder, pour la première fois de son histoire, au championnat de France amateurs.
Malgré son manque d’expérience et sa taille moyenne (1 m 72), Louis Polonia s’impose déjà comme un joueur de tout premier plan. La chance veut aussi qu’il évolue dans une formation qui tient le haut du pavé dans le difficile championnat amateur, fabuleux réservoir pour les équipes professionnelles, toujours à la recherche de l’oiseau rare à une époque où les centres de formation n’existent pas.
Alors qu’il dispute avec Rodez une rencontre en lever de rideau de Limoges-Lens, Louis Polonia est contacté par le Lensois Henri Trannin, qui lui propose de venir tenter la grande aventure du professionnalisme dans le club artésien, où il aura la tâche de compenser le départ de Fiorzi, muté à Bordeaux. A 24 ans, Polonia accepte. Mais il pose des conditions à sa venue, reflet d’un homme à la fois rigoureux dans son métier de footballeur et soucieux de son avenir. Lens devra le laisser à disposition de l’équipe de France amateurs en cas de qualification pour les J.O. de Rome. Le club lui accordera toute liberté pour se préparer à la profession d’expert-comptable. Il pourra, d’autre part, être dégagé de toute obligation avec le club, au plus tard à la fin de la saison 66-67, pour lui permettre de se reconvertir. Un contrat à temps avant l’heure !

Louis Polonia, au centre. A son côté, son père, casquette et lunettes
Malgré le climat, Louis Polonia s’adapte parfaitement au R.C. Lens dont les couleurs Sang et Or lui rappellent celles du Rodez. Titulaire au poste d’arrière droit où la qualité de ses tacles de face fait merveille, il côtoie les Bourrier, Courtin, Wisnieski, Sowinski, Oudjani, Lech et Sénac avec lesquels il remporte trois coupes Drago et une coupe de l’Amitié, compétition Franco-Italo-Suisse.
Dans ce pays de mines, où l’on aime les joueurs qui mouillent le maillot et où le prix de la sueur a une grande valeur, l’abnégation, la discrétion et la conscience professionnelle de Polonia sont unanimement appréciées. Une grande régularité dans les performances fait aussi de l’ex-Ruthénois, un titulaire indiscutable de l’équipe de France amateurs, avec Artélésa, Loncle, Samoy…
En 1960 s’ouvrent les Jeux Olympiques de Rome pour lesquels l’équipe de France se trouve qualifiée. Après une victoire contre le Pérou (2-1), la France concède le nul contre l’Inde (1-1) avant de subir une défaite humiliante contre les Hongrois (7-0). Polonia dispute les trois rencontres mais, lors du dernier match, il se claque après dix minutes de jeu, laissant ses coéquipiers joués à dix.
Retenu une dizaine de fois dans les rangs des Olympiques, puis en France B, Louis Polonia se trouve barré, en sélection nationale, par l’interminable carrière de l’inusable Roger Marche.

L’équipe de Lans avec Louis Polonia, second, debout, en partant de la gauche
En 1966, (il a 31 ans), Polonia décide de redescendre vers le Midi, diplôme d’expert-comptable en poche. Un temps, il pense regagner Rodez où on lui propose une place de joueur-entraîneur. Mais l’affaire ne se fait pas. Profitant d’une opportunité professionnelle pour s’installer, Louis Polonia signe à l’A.S. Béziers, qui tente alors de retrouver une place en Division I, puis il rejoint le F.C. Sète où il évolue deux années. C’est au cours de la saison 68-69 qu’il retrouve le stade Paul-Lignon de ses débuts. Rodez, sous la férule d’Ernest Vaast, vient alors de remonter en C.F.A. Ce jour-là, Louis Polonia a toutes les peines du monde à contenir l’ailier – T.G.V. du Stade, Rouquette. « Je ne voulais pas faire trop de misère à mon ancien club », avoue-t-il aujourd’hui, avec un petit sourire qui démontre, si besoin était, sa reconnaissance pour le club qui l’avait formé et qui lui avait donné, très jeune, sa chance.
Depuis le vendredi 2 octobre 2009, le tout neuf stade du quartier Saint-Eloi porte le nom de Louis Polonia, inauguré en présence de son épouse, de sa fille et de sa famille à laquelle s’étaient joints tous les anciens du Stade de cette époque (Rodriguez, Abella, Cassan, Fabre, Grézik, Devèze…) lesquels, à travers leur ami Louis Polonia, décédé en 2005, se reconnaissent dans cette dénomination.
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