Un tramway qui se fait désirer

Dès la réalisation de la gare à la périphérie ruthénoise, de nombreuses voix s’élèvent contre la difficulté offerte aux voyageurs et aux marchandises d’accéder au piton ruthénois. En ce temps-là, on ne parle pas encore de l’encombrement du centre-ville par les voitures et du développement des transports en commun. C’est pourtant cette solution qui est entérinée en construisant un tramway. Le but : relier la gare au centre de Rodez. Reconnu d’utilité publique le 27 avril 1900, sa mise en œuvre ne débute qu’au mois d’août 1901, l’inauguration, après des débuts laborieux, se déroulant en grandes pompes le 15 août 1902. Les essais ont pourtant été compliqués : « Le 22 avril 1902, Rodez procède au premier essai de son tramway. Mais ce dernier déraille et se renverse au premier tournant, boulevard Gally. Sans gravité ! Une seconde tentative, cette fois réussie le 12 août, ouvre l’exploitation le 15. La traction est fournie par une petite usine située au pied du viaduc de la gare.

Les chaudières alimentent deux machines à vapeur de 130 chevaux qui actionnent des dynamos. Les voitures peuvent transporter 40 à 50 voyageurs et traînent à une vitesse de 20 km/h, une remorque à marchandises. Elles comportent des freins à griffes qui peuvent de Saint-Cyrice à Saint-Eloi, s’agripper à des longrines de chêne, posées le long de la voie (rails encore visibles aujourd’hui, derrière le boulevard Maréchal-Joffre. » Le bâtiment qui abrite les différentes machines et la remise aux voitures se situent près de la gare. Le parcours total depuis la gare représente 2270 m. Le tracé emprunte l’avenue de Bordeaux, grimpe la rue Béteille, passe devant la cathédrale et emprunte le boulevard Gambetta jusqu’au palais de justice où s’élève le terminus.

Indépendamment des voitures de voyageurs pouvant contenir 35 personnes, la Société met en service cinq voitures spéciales pour le transport des marchandises. Reste maintenant à convaincre les voyageurs d’emprunter le tramway ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que la réussite ne sera pas au rendez-vous. Par manque de demandes sans doute mais aussi par crainte d’un déraillement dû au relief tourmenté qu’emprunte le tramway, notamment quand il aborde la descente. Du reste, plusieurs accidents viennent étayer la thèse que le tramway ne garantit pas une totale sécurité. Alors, comme le font toutes les municipalités, on tente à Rodez de persévérer dans cette voie, moyennant un investissement de plus en plus important, à la fois de la municipalité qui allonge le trajet jusqu’à la place du Marché Couvert mais aussi de la société d’exploitation et même d’un mécène : Maurice Fenaille qui injecte de l’argent personnel pour éviter la déchéance du tramway. Tout en espérant, bien sûr, un changement dans les mentalités et un brin de sécurité supplémentaire. Ainsi, évite-t-on la redoutable côte Saint-Eloi pour un trajet plus serein par l’avenue Durand de Gros. Rien n’y fera ! Les passagers diminuent à mesure que le trou financier grossit ! Une situation vite intenable ! En juillet 1920, la municipalité ruthénoise jette définitivement l’éponge ! Le tramway de Rodez a vécu.

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