Valmy. Aux armes, citoyens !

Une simple canonnade a-t-elle eu raison de 80 000 austro-prussiens ? Ou des contacts secrets ont-il convaincu les Prussiens d’abandonner le terrain ?

Valmy, Verdun, l’Argonne rythment la Champagne de leurs noms de bataille et, plus encore, de ces victoires qui forgent l’Histoire d’un pays et d’une Nation. Cette Nation, laquelle à Valmy a signé son extrait de naissance, dans le brouillard d’une journée de septembre 1792, qu’une canonnade a fini par disperser comme elle dispersera une armée austro-prussienne de 80 000 hommes jusque-là conquérante et arrogante face à une armée dépouillée de ses cadres mais gonflée d’un patriotisme qui trouve sa source dans le chant de l’armée du Rhin, la future Marseillaise.

Pourtant, le « sang impur qui abreuve nos sillons » n’a que peu coulé durant ce combat d’un jour qui coûtera la vie à 300 soldats français et 184 austro-prussiens.

Goethe, présent ce jour-là aux côtés du duc de Saxe-Weimar, voit dans ce jour et dans ce lieu « une ère nouvelle dans l’histoire du monde ». Alors que l’historien Michelet n’hésite pas l’emphase en affirmant : « Sur cette toute jeune armée planait quelque chose, comme une lueur héroïque. C’était déjà l’armée de la République. »

Une image nous est restée, de celles qui illustrent notre mémoire d’un fait extraordinaire : le général Kellermann passant en revue ses troupes, les haranguant en agitant au bout de son sabre, le panache tricolore de son chapeau.

 Valmy, le dernier espoir !

Ce 20 septembre 1792, la situation militaire demeure inquiétante, voire désespérée. L’armée austro-prussienne, renforcée par 6000 émigrés, progresse sans cesse. Longwy et Metz sont prises fin août ; Verdun, début septembre. L’Argonne demeure la dernière ligne de défense avant la plaine champenoise, voie ouverte vers Paris et la délivrance de la famille royale. Et au cœur de l’Argonne, Valmy, sa butte et son moulin.

C’est là que les troupes de Kellermann et de Dumouriez ont fait leur jonction. Face à elles, l’armée du duc de Brunswick. Le chef prussien n’y est pas allé par quatre chemins pour signifier aux Parisiens le sort qui leur sera réservé au cas où il s’attaquerait à la personne du Roi de France : « s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s’il n’est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d’attentats aux supplices qu’ils auront mérités. »

 Des contacts diplomatiques secrets

L’affrontement scellera donc le sort de la guerre et peut-être celui de cette Révolution vers laquelle se tournent tous les regards de l’Europe et des peuples opprimés. Mais, en sous-main, dans le plus grand secret, des contacts sont pris entre les chefs révolutionnaires dont Georges Danton et l’empereur Frédéric-Guillaume II. Le 16 septembre, les appartements royaux ont été fouillés par des inconnus. Les diamants de la Couronne ont disparu. Un trésor de guerre que la Révolution compte bien utiliser, consciente de la faiblesse de son armée, mal équipée et mal encadrée. Est-ce là l’explication de la soudaine retraite de l’armée du duc de Brunswick ? L’appât du gain ? Certes non. Juste sans doute une contrepartie à un accord plus politique. Il n’est pas forcément de l’intérêt des Prussiens de déstabiliser la France dont elle sait son peuple hostile aux troupes étrangères. De plus, la Prusse lorgne vers la Pologne, en passe d’être envahie par les Russes et les Autrichiens. Une explication plus que plausible à ce surprenant revirement, sans cause militaire. Bien plus qu’une soudaine dysenterie des soldats prussiens suscitée par une trop forte consommation de raisins verts ; bien plus que le mauvais temps, qu’un accord au niveau de la franc-maçonnerie européenne ou l’apparition de Frédéric II, mort quelques années plus tôt à son neveu l’empereur Frédéric-Guillaume II, lui intimant l’ordre de rebrousser chemin.

A Valmy, l’acte fondateur de la Nation n’a pas encore livré tous ses secrets !

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