L’or disparu des Templiers

Gisors. Ce lieu, à lui seul, fait rêver tous les chercheurs de trésor et d’ésotérisme, férus d’histoire des Templiers.

L’histoire du château est en effet profondément liée à celle du Temple ! Deux années durant, de 1158 à 1160, l’Ordre en assure la garde. Mais, ironie du sort, c’est dans l’un de ses cachots que leur grand chef, Jacques de Molay, est incarcéré en 1314 avant d’être exécuté. Une trace indélébile qui contribue à asseoir la présence d’un trésor enfoui sous le château, amplifiée par l’imagination populaire colportant rumeurs et légendes sur ce lieu.

Apparaît alors Roger Lhomoy. Nourri à la source des veillées du village, cet enfant du pays se met en tête, dans les années 1940, de se lancer à la découverte du trésor que les Templiers auraient évacué de Paris, la veille de leurs arrestations, le 13 octobre 1307, à destination d’un lieu secret où il n’arrivera jamais. Pour ce faire, il se fait embaucher par la municipalité, propriétaire du château, comme gardien du lieu, à charge d’en assurer l’entretien et l’accueil le jour. Aussitôt la nuit venue, le gardien se transforme en chercheur de trésor. Il fouille, recherche le moindre souterrain ou l’entrée d’une cave, creuse sans relâche pour finir par découvrir, à la fin des années 1940, l’entrée d’un puits bouché depuis plusieurs décennies. Parvenu à trente mètres de profondeur, au péril de sa vie, le gardien tombe sur un mur lequel, une fois dégagé et ouvert, donne sur une vaste salle où, déclarera-t-il plus tard, se trouve la découverte de toute une vie :

« Ce que j’ai vu à ce moment-là, je ne l’oublierai jamais, car c’était un spectacle fantastique. […] Le long des murs, posés sur le sol, des sarcophages de pierre de deux mètres de long et de soixante centimètres de large : il y en a dix-neuf. Et dans la nef, ce qu’éclaire ma lumière est incroyable : trente coffres en métal précieux, rangés par colonnes de dix. Et le mot coffre est insuffisant : c’est plutôt d’armoires couchées qu’il faudrait parler, d’armoires dont chacune mesure deux mètres vingt de long, un mètre quatre-vingt de haut, un mètre soixante de large. »

Entre occultisme et secret d’Etat

Que s’est-il véritablement passé ce jour-là ? Roger Lhomoy a-t-il vraiment découvert un trésor ou, affabulateur, a-t-il monté cette découverte de toutes pièces ? Car la suite est loin de combler ses espérances. Loin de garder pour lui son secret, il se précipite à la mairie pour révéler sa trouvaille. Enfin, la légende est devenue réalité ! Mais la délégation municipale qui se rend sur les lieux, ne daigne pas pénétrer à l’intérieur de l’excavation par crainte de ne pas en ressortir vivante tant les conditions de sécurité sont rudimentaires. Seul, un ancien officier du Génie s’y aventure sans parvenir au but, révélant toutefois que des pierres lancées dans la cavité ont provoqué « une résonance ».

Sceptique, le maire de Gisors fait reboucher l’entrée de la cavité afin que personne ne s’y aventure. Quant au gardien, c’est en vain qu’il alerte les autorités départementales pour faire reconnaître sa découverte et poursuivre les recherches. Le temps passe quand, en 1962, il raconte au journaliste Gérard de Sède son extraordinaire découverte et la fin de non-recevoir des  autorités.

L’affaire remonte alors au gouvernement. Interpellé, André Malraux, ministre de la Culture, donne son accord pour effectuer des fouilles officielles. Des soldats du Génie débarquent à Gisors, creuse autour du puits jusqu’à vingt-neuf mètres de profondeur. De chapelle souterraine point ! Et de trésor encore moins !

Ces nouveaux épisodes finissent de jeter Gisors et son trésor dans les extrapolations de l’occultisme et du secret d’Etat avant d’aboutir, en fin de compte, à une impasse marquée par le décès de Roger Lhomoy, emportant son secret, six siècles après celui de la disparition du trésor des Templiers.

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