Avant-propos

Rumeur. Complot. Erreur judiciaire. Enigme. Mystère. Les termes s’enchaînent et s’entrechoquent pour évoquer l’affaire Fualdès. Une affaire criminelle dont les médias diraient aujourd’hui qu’elle est hors-norme tant elle provoqua de passion et suscita un intérêt dépassant largement les frontières de ce Rouergue isolé et travesti par les chroniqueurs du temps.

Le 19 mars 2017, Rodez a fêté le bicentenaire de la mort d’Antoine-Bernardin Fualdès par une exposition au musée Fenaille. Etrange commémoration, vécue comme une catharsis visant à se débarrasser d’une triste réputation, longtemps ténue : « Rodez, la ville où l’on égorge les gens comme des cochons. » Semblable expiation inconsciente explique en partie le succès que connut la pièce de théâtre écrite par Paul Astruc, « Qui a tué Fualdès ? » et jouée à guichets fermés en juillet 2016.

Autopsier l’énigme Fualdès ne consiste pas à  dévoiler à tout prix une vérité qui nous échappe. En laissant la porte grande ouverte, cet ouvrage offre aux lecteurs le choix de leur vérité et, par conséquent, la continuité obsédante du doute. Celui qui interrogea forcément les juges, jurés, avocats et contemporains de Fualdès comme il obsède encore et toujours. Hier et aujourd’hui, ceux et celles désireux de tisser la vérité.

Mais quelle vérité ? Celle du simple crime crapuleux, banal et insipide que la seule personnalité de la victime a sorti de l’anonymat ? Celle du complot ultraroyaliste fomenté par la société secrète des Chevaliers de la Foi ? Si secrète et fraternelle qu’il n’existe aucun document prouvant leur implication et donc leur culpabilité. Crime d’affaire qui a mené les acteurs dans un si sanglant chemin, causant leur infortune ? Et cette vérité ne se trouverait-elle pas ailleurs ? Dans la propension affabulatrice d’une population trouvant là un exutoire à son ennui et à ses tourments. Dans ce désir de faire table rase d’un passé en refusant de prendre parti entre ultraroyalistes et nostalgiques de la République. Au profit donc de la rumeur et au détriment de la justice.

Rodez n’en finit pas de régler ses comptes avec l’affaire Fualdès. En 2011, le musée Fenaille a acquis une maquette exceptionnelle : la reproduction de la maison Bancal, réalisée en 1820, postérieurement à l’affaire, par le colonel de dragon en garnison à Rodez, Niepce. Ainsi, désormais, le regard peut-il pénétrer de plain-pied dans ce bouge soi-disant infâme décrit par la littérature de l’époque. Peut-il découvrir la cuisine où se serait tramé le crime sordide. Peut-il souffler sur les braises de la rumeur et laisser, finalement, rebondir une fois de plus l’histoire et en revisiter l’âme.

 Le récit de l’affaire est complété par un abécédaire permettant de mieux en cerner les protagonistes, les lieux, l’organisation politique de la ville et sa composition sociologique. Un guide, en toute fin d’ouvrage, invite à la découverte des lieux de l’affaire Fualdès.

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