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Explorateurs aveyronnais (1)

Un Aveyronnais dans la pampa

 Cabanettes, Clément, (Ambec, 1851– Buenos Aires, 1910)

Troisième fils d’une famille de paysans aisés et instruits qui compte onze enfants, le jeune Clément est d’abord dirigé vers le séminaire. Mais la vocation ecclésiastique n’est pas dans sa nature et bien vite, il préfère à la soutane, l’habit militaire. Direction le 46e R.I. stationné à Rodez qu’il rejoint le 12 décembre 1872. De galon en galon, il accède au rang de sous-lieutenant de réserve en 1877. Rendu à la vie civile, il cherche un temps sa voie. Espalion, d’abord,  pour travailler chez un notaire ; puis Paris où il officie dans une agence du crédit Lyonnais ; l’Argentine enfin, qui recherche des cadres militaires pour l’instruction de ses soldats. Clément Cabanettes arrive en 1879 dans un pays en plein désordre militaire. Son passage comme instructeur est de courte durée. Mais un projet le retient : installer dans la capitale, puis à travers le pays, un réseau téléphonique. Sa réussite en tant que fondateur des télécommunications argentines lui ouvre des portes et, comme bien d’autres, l’Aveyronnais d’Ambec profite des largesses du gouvernement argentin pour acquérir des concessions agricoles avec l’idée d’y installer des compatriotes désireux d’immigrer. Ce sera Pigüé, à 600 kilomètres au sud de Buenos Aires, dans la pampa. Pour recruter ces familles, il envoie en Aveyron un compatriote, François Issalys*, avant de se déplacer lui-même pour régler tous les contrats. De juillet à fin septembre, il parvient à convaincre quarante familles (160 personnes) de partir fonder la ville de Pigüé. Dès lors, il n’a de cesse de s’occuper de sa colonie, l’organisant et la développant au niveau agricole et administratif. Mais en 1889, suite à de mauvaises récoltes, les agriculteurs se trouvent dans l’impossibilité de régler leurs versements, obligeant Clément Cabanettes à résilier son contrat et à quitter Pigüé. Cependant, d’autres projets fleurissent déjà dans sa tête. A Buenos Aires, il fonde un établissement de bains avant de s’en aller prospecter, en 1891, une mine d’or. Il s’installe enfin dans une concession qu’il vient d’acheter, près d’Anchorena. Régulièrement, entre 1891 et 1898, il se rend à Pigüé où il apporte toujours ses conseils et met en place la première coopérative agricole de l’hémisphère austral. En 1910, six mois après avoir assisté au 25e anniversaire de la fondation de Pigüé, il s’éteint à Buenos Aires, le 14 juillet, rongé par une maladie implacable.

« Nous parcourûmes toute l’extension des champs que je voulais connaître et je fus vraiment émerveillé des beautés de cette région ; surpris aussi, car je ne m’attendais pas à voir si loin de Buenos Aires ce que mes yeux contemplaient.

Une terre féconde couvrait toute la superficie de ces champs où le sol fertile se trouvait recouvert d’herbe douce qui en faisait un tapis naturel merveilleux ; un bon nombre de ruisseaux abondants serpentaient en murmurant doucement à travers ces grandes étendues ; les dernières et très abondantes pluies avaient fertilisé encore davantage ces terres vierges et l’immense plaine verte luxuriante et belle se prolongeait jusqu’au sommet des hautes montagnes dont les flancs et les cimes, rompant la monotonie de l’ensemble, étaient et sont toujours l’une des particularités de cette région…

Tout ce que je vis m’enchanta : la richesse, l’exubérante végétation et la surprenante fertilité du sol ; mais où mon âme se sentit la plus émerveillée, ce fut en contemplant l’endroit dénommé “ Pi-hué”  qui, par ses montagnes et ses pittoresques paysages, amenait à mon esprit de Français immigrés la douce nostalgie des belles montagnes de mon pays natal et je me dis “ c’est ici que nous devons planter notre tente de campagne ; c’est bien la terre promise semblable à celle qui fut donnée aux Hébreux par Jéhovah”… » (1909)

Un Aveyronnais au Sahara

Douls, Camille, (Ségur, 1864 – Alouef (Sahara), 1889)

Né le 18 octobre 1864 au hameau des Bordes-Basses, puis tout jeune élève du pensionnat Saint-Joseph, Camille Douls se passionne très tôt pour les rivages lointains et incertains des terres africaines. Peut-être fut-il influencé, lors de sa scolarité, par les récits des Frères missionnaires aussi bien que par l’extraordinaire contenu du musée Saint-Joseph. Toujours est-il que cette passion l’amène à deux reprises au Sahara, désert encore méconnu des Européens. Une première fois, en 1887, il parcourt cette région après avoir échappé à des pillards nomades. Mais, lors de son retour, en 1889, il est étranglé par ses gardes touaregs qui le détiennent prisonnier. Ce n’est que deux années plus tard que ses restes purent être rapatriés à Rodez et inhumés dans le vaste tombeau que la municipalité avait fait élever en son honneur.

« La richesse de ce pays justifie en partie la jalousie du mouley El-Hassan qui craint, peut-être avec raison, la convoitise des Européens. Et, comme je l’ai dit au début de cette relation, les ordres donnés aux caïds sont si rigoureux que si ma présence avait été connue, j’aurais été infailliblement saisi et mis aux fers.

Je ne pouvais me rassasier du spectacle magnifique que m’offraient les montagnes pittoresques du Sous, et je reposais avec une véritable jouissance mes yeux fatigués par cinq mois de désert sur des prairies émaillées de fleurs, sur des rivières intarissables et sur des collines ruisselantes de moissons. À chaque instant je rencontrais des villages, et la population, répandue dans les champs montrait le degré d’activité de ce peuple si bien doué par la nature.

Après avoir longé la côte depuis Aglou et Massa, et traversé la splendide vallée de l’ouad Sous, j’arrivai à Agadir, dont la position au pied de l’Atlas, au fond d’une baie, en fait un magnifique port naturel. Je contournai les montagnes de l’Atlas au cap Ghir et, après avoir croisé les provinces du Haha et des Oulad-bou-Sba, j’arrivai à Marrakech, une des capitales de l’Empire… » Le Tour du Monde (1888).

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