Officiellement, 1929 est retenu comme date de naissance du Stade Ruthénois Football. En réalité, son entrée au sein de la grande famille omnisport ruthénoise. Date aujourd’hui reprise pour marquer le centenaire du club du piton.

Dans son ouvrage consacré au football ruthénois, Aimé Biau alors dirigeant du Stade Ruthénois, prend comme référence, en sous-titre de son ouvrage, l’année 1927 comme date de naissance du football à Rodez. Il n’oublie pas cependant, dès les premières pages, de faire remonter bien plus haut dans le temps la pratique du football sur le piton, précisant à bon escient qu’il s’agit essentiellement de rencontres scolaires. Pas seulement cependant car il existe bel et bien un Stade Ruthénois football au début des années 1920, intégrant le Stade Ruthénois Omnisport avant de s’en retirer et de se mettre en sommeil.

1- Premiers dribbles

L’une des toutes premières rencontres dûment mentionnées dans la presse se déroule le 8 septembre 1899 à Millau, opposant l’Union du Sport Athlétique Millavois à l’Olympique Club de Roquefort. La même année, le football qui voisine le plus souvent avec le rugby, naît au sein du lycée de Rodez, autour de deux sociétés : l’Athlétic Union et les Juniors, sous la férule du professeur de gymnastique Abizou. Cette équipe de l’Athlétic, avec laquelle rivalise le Stade Normalien (maillot noir cerclé de jaune) atteint même la finale du championnat de France scolaire en 1913. Ce football d’avant-guerre se pratique également au sein des pensionnats (Saint-Joseph et Sainte-Marie) ainsi que dans les patronages paroissiaux. Des matches amicaux opposent fréquemment ces teams auxquels se joint celui des soldats du 122e R.I. à l’image de cette partie opposant le Lycée de Rodez aux trouffions du 122e R.I., le 1er décembre 1912, conclue par la victoire des potaches, 6 buts à 2. Match qui vaut quelques lignes dans Le Courrier de l’Aveyron : « Dans l’ensemble beau jeu. Belle observation des règles. Bonne discipline (joueurs silencieux). Beaucoup d’espoir. Assistance nombreuse, qui fait bien augurer de l’idée sportive à Rodez ». Le mois suivant, un tournoi oppose l’Association ruthénoise, le Stade Normalien, le Stade Monteillien, le Lycée de Rodez et l’Association sportive du 122e R.I.

Cette émancipation du football et du rugby, notamment vis-à-vis des sociétés de gymnastique et des sociétés de Préparation militaire et de Tir jugées trop rigides et individuelles, s’explique, au sein de la jeunesse, par le besoin d’esprit collectif, d’émancipation et d’organisation. Car les problèmes ne manquent pas. Si la loi de 1901 autorise la création d’association, il faut rédiger des règlements ; trouver des moyens financiers (certes modestes à l’époque) ; avoir l’assentiment des autorités et, surtout, trouver une aire de jeu à peu près conforme et plat, une sinécure pour une ville bâtie sur un piton. Car les demandes se heurtent bien souvent à la méfiance des municipalités, peu enclines à desserrer les cordons de la bourse pour quelques « originaux » en short, et au refus des propriétaires de louer leurs terrains, souvent réservés à l’agriculture. D’où des solutions souvent provisoires. Sans être regardants sur la qualité des terrains accordés, transformés en bourbier l’hiver ; durs comme le roc l’été. Au gré des faux rebonds et parfois d’un arbre planté au milieu.

Avant-guerre, les sportmen ruthénois peuvent se défouler sur le terrain d’entraînement du foiral, propriété du 122e R.I. Mais la terre battue ne convient guère à la pratique du football-rugby. Joueurs et dirigeants reportent alors leurs espoirs sur la société de gymnastique, La Ruthénoise, propriétaire d’un terrain à la Vieille Gare. Mais cette aire, idéale en été, devient impraticable en hiver, sans parler des odeurs nauséabondes, émanant des égouts de la ville qui la longent.

En décembre 1912, grâce à l’appui du 122e R.I. et du très sportif colonel Escudier, les sociétés sportives ruthénoises prennent enfin possession d’un terrain, sur la route de Villefranche, face à l’usine Saint-Félix. Un escalier aux larges marches et un pont, jeté sur l’Auterne par les militaires, permettent au public d’accéder à ce terrain avec plus de commodité. Seul inconvénient : l’éloignement du centre-ville.

Cependant, les sportifs ne perdent pas de vue, qu’à portée de fusil de la cathédrale, la belle pelouse des Haras offre un magnifique terrain de jeu, propice aux plus belles envolées. Chacun a encore en tête ce fameux match ayant opposé, en 1912, le Stade Ruthénois rugby au champion de France, Toulouse. Ce fut alors le seul écart que se permit l’administration des Haras. Encore les dirigeants s’étaient-ils vus interdire de toucher aux merveilles végétales du sacro-saint lieu. Ce qui laissa perplexe le célèbre demi de mêlée toulousain, Maysonnié, contraint, plus d’une fois, de feinter… une terrible sapinette, plantée là, au milieu du « ground ».

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