Le cimetière de Saint-Cyrice : « les ronces de l’oubli »
Rodez n’a pas toujours connu son cimetière à l’emplacement actuel. Des Ruthénois se rappellent encore de celui du faubourg Saint-Cyrice qui fermera définitivement et tristement ses grilles au début des années 1960.
En 1828, un arrêté préfectoral du 22 avril autorise la commune de Rodez à transférer ses trois cimetières dans ce qu’on appelle alors le champ de la Pépinière, et qui ne sera, en fait, inauguré qu’en 1831 et devient le cimetière Saint-Cyrice. Jusque-là, les inhumations s’effectuent, pour le quartier de Saint-Amans, sur l’emplacement de l’ancienne École normale des filles et, pour celui de la Cathédrale, au nord de cet édifice. Le troisième cimetière de la ville étant celui de l’hôpital général.
A Rodez, dès 1871, la question se pose d’un agrandissement du cimetière Saint-Cyrice ou de son transfert sur un autre terrain, dont le Puech de la Justice paraît le plus indiqué.
Chaque solution possède ses partisans. Les polémiques qu’elles inspirent se poursuivent et s’accentuent aux environs de 1883 jusqu’à la décision de créer un nouveau cimetière. Il faut pourtant attendre 45 ans pour qu’un arrêté municipal du 3 février 1928 décide le début de la procédure d’expropriation qui se prolongera jusqu’au début des années 60 ! Cette mesure provoque des protestations indignées et des campagnes de presse violentes, « inspirées par le souci du respect dû à tant de morts, brutalement expulsés du lieu de leur dernier repos, et des concessions que l’ironie des législateurs avaient qualifiées de perpétuelles; mais elles se heurtaient à des prétextes tels que la nécessité d’extension d’un quartier surpeuplé et le droit des vivants à s’épanouir. »
L’historien ruthénois Bernard Combe de Patris publie ainsi en 1928 un livret intitulé « Les Vivants contre les Morts », rassemblant ses articles de presse parus dans le journal Le Rouergue et dénonçant avec virulence « la conception du progrès de la municipalité ruthénoise » en se faisant le porte-parole des morts : « Laissez-nous dormir dans le calme de cette terre et ne nous arrachez pas à notre silence. Nous avons été cruellement ballottés par la vie : n’allez pas de nouveaux remuer nos tristes os. Sur les dalles de nos tombes furent inscrits les mots de paix et de repos. Laissez-nous en paix et ne venez pas faire retentir sur notre cendre, le bruit de vos affaires et l’agitation de votre vanité ! »
« Combien il était pittoresque, écrit encore en 1962 un journaliste nostalgique du vieux cimetière, dans son allure romantique, sous ses frondaisons séculaires, ce vieux cimetière, avec ses stèles, ses urnes et ses grilles chargées d’emblèmes et d’allégories. Certes, les ronces de l’oubli et le lierre dévorant, et la mousse victorieuse avaient envahi plus d’une tombe paraissant vouée à l’abandon. »
Ainsi disparaissent, avec les pierres morcelées, les sépultures de quelques illustres ruthénois au profit de « prétendues nécessités urbaines » : le sculpteur François Mahoux, maître de Denys Puech, le général Béteille, le docteur Rozier, maire de Rodez, son successeur, Louis Lacombe, qui fut député, son frère Eugène, sénateur, le général Tarayre et bien d’autres, à côté de celles plus humbles.
Récemment, des fouilles archéologiques ont mis en avant les restes des tombes de ce cimetière.
Bonsoir Jean Michel
Je me souviens que mon père avait été à l’ouverture du caveau du général Tarayre ; celui ci avait été embaumé à son décès ; lorsque le caveau a été ouvert le cercueil assez abîmé faisait apparaître les bottes encore assez intactes mais avec l’arrivee d’air celles-ci se sont décomposées ; les pompes funèbres ont alors fait une réduction du corps qui a été transporté au cimetière actuel ou le général repose avec mes parents . Quand à Eugène Lacombe père de ma grand mère maternelle et frère de Louis, je ne sais où il repose ; il était de droite et son frère Louis de gauche avait fait interdire les processions religieuses à Rodez je crois .
Voici quelques souvenirs qui m’ont été rapportés.
Hubert Rançon
Bonjour,
Merci pour toutes ces précisions, notamment sur le général Tarayre dont je vais suivre à la mairie la restitution sur l’espace public après les travaux de l’avenue éponyme. Je pense que lors de la destruction du cimetière Saint-Cyrice, beaucoup de tombes ont été détruites. Il existe d’ailleurs un petit livret de Combes de Patris qui s’insurge contre la destruction de ce cimetière. Au plaisir de vous lire. J-M Cosson