Louis-Philippe, le roi trompe-la-mort
Une dizaine de complots déjoués et d’attentats manqués. Sacré bilan pour un Louis-Philippe Ier né sans doute sous une bonne étoile. Arrivé dans les valises de la révolution de 1830, il sera blackboulé de son trône en 1848 sans avoir versé une seule goutte de son sang.
Le régicide ou l’Etat atteint dans sa chair
Il se nomme Jacques Clément ! Son CV : être le premier régicide (Henri III) de l’histoire de France. Premier acte d’une série sanglante qui frappera tant les rois qu’à leur suite, les présidents de la République.
Le régicide vise à éprouver les esprits, à traumatiser le public en touchant dans sa chair la plus haute autorité du royaume ou de la république, garante de l’ordre et de la sécurité. Ravaillac, Damiens, Caserio ou Gorgulov ont ainsi associé leurs noms à ceux d’Henri IV (1610), de Louis XV (1757), de Sadi Carnot (1894) et de Paul Doumer (1932). Gestes d’un déséquilibré, d’un exalté ou actes politiques, en tuant le souverain, ils atteignent la nation toute entière et tentent de faire triompher leurs revendications.
Une monarchie entre parenthèses
Une vie digne d’un roman ! Enthousiaste comme son père Philippe-Egalité, au début de la Révolution ; forcé ensuite à l’exil par la Terreur, le futur Louis-Philippe Ier entame un long périple à travers l’Europe et les Etats-Unis avant de rentrer en France sous la Restauration.
Rejeté par les nobles émigrés tout autant que par les républicains et les bonapartistes, il réussit, dans l’exaltation de la révolution de 1830, à monter sur le trône, favorisant dès lors les milieux d’affaires et pratiquant un libéralisme bien éloigné des aspirations populaires.
Bertier de Sauvigny manque son coup
27 février 1832. Bientôt deux années que Louis-Philippe Ier règne dans un mécontentement populaire général. Ce jour-là, accompagné de la reine, de Mlle Adélaïde et de son aide de camp, le général Dumas, le roi traverse la rue de Rohan quand un cabriolet fonce sur lui. Un coup de feu claque. Le roi a juste le temps de se jeter sur le bas-côté. Le cabriolet file. Son conducteur, Bertier de Sauvigny, est arrêté trois jours plus tard. Il sera acquitté lors de son procès.
Les semaines précédentes, deux complots avaient été déjoués par la police. C’est dire si le roi se méfie quand il met le nez dehors !
Bergeron, le coupable idéal
Jamais deux sans trois, le 19 novembre 1832 ! Cette fois, le roi traverse le Pont-Royal, sans doute l’œil aux aguets. Sait-on jamais ! Un jeune homme sort son pistolet et tire sur le roi sans l’atteindre. Affolement général ! Le régicide prend la fuite. La police, sur le pied de guerre, met la main sur un jeune étudiant, Bergeron, acquis aux idées républicaines et, mieux encore, chef de section de la Société des Droits de l’homme. Un coupable idéal mais qui sera tout de même acquitté après avoir nié les faits.
La machine infernale de Fieschi
Il est confiant Guiseppe Fieschi. Anxieux tout de même. Ce n’est pas tous les jours qu’on décide de flinguer un roi. D’autant plus que ce roi tient la baraka. En cinq ans de règne, Louis-Philippe Ier est passé à chaque fois entre les balles.
Fieschi, cependant, a bien préparé son coup. Depuis l’appartement du 3ème étage, au n° 50 du boulevard Saint-Martin, il jette un œil sur sa machine infernale : 25 canons de fusil fixés les uns aux autres et chargés de balayer le boulevard sur 12 mètres quand le roi se présentera. Guiseppe sourit. Louis-Philippe Ier n’échappera pas à la vengeance populaire.
Et le roi s’en sort indemne !
Le Corse n’a pas agi seul. Deux complices républicains, Pierre Morey et Théodore Pépin, lui ont donné un coup de main. Pourtant, Fieschi n’a pas vraiment l’étoffe du républicain idéaliste ou de l’anarchiste exalté. Il a même servi un temps d’espion à la solde du préfet de police de Paris. Plus aventurier et faux-jeton que lui, tu meurs !
Mais ce 28 juillet 1835, c’est Louis-Philippe qu’il doit trucider. Quand le souverain se présente devant la fenêtre, Fieschi n’hésite pas. Il craque une allumette phosphorique qui enflamme la trainée de poudre chargée d’allumer les canons. L’explosion est énorme et atteint cortège et public. Des corps s’effondrent, touchés à mort. Dix-huit tués au total. Le roi, lui, se demande encore comment il a pu échapper à ce nouvel attentat. Quant à Fieschi, trois canons bourrés de chevrotine placés là par ses complices, lui ont pété au visage.
Fieschi, Alibaud et les autres…
Le 30 janvier 1836 s’ouvre leur procès. Condamnations à mort pour ce trio infernal ! Devant 25 000 Parisiens avides du spectacle, leurs têtes tombent les unes après les autres. Fieschi joue le matamore. « Je regrette mes victimes plus que ma vie. » Et avant que ne tombe le couperet : « Dites que je suis mort avec courage ! » En attendant qu’un autre terroriste ne tente sa chance face à ce roi trompe-la-mort ! Les affaires ne traineront pas. Alibaud, Meunier, Darmès et Lecomte, entre 1836 et 1846, s’essaieront au régicide. En vain ! Seul Meunier sera gracié, les trois autres étant exécutés. Louis-Philippe leur survivra jusqu’en 1850. Clap de fin !


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