XIII – Le grand retour. 2020-2025
Les trois premières saisons de Ligue 2 ne sont pas de tout repos pour le RAF et Laurent Peyrelade, après sept saisons, va y laisser son poste. Durant tout ce temps, le club flirte avec la relégation, sauvant souvent sa place lors des dernières rencontres. 16e en 2020 ; 15e l’année suivante ; 17e en 2022. Mais le club et les joueurs se battent pour éviter une relégation qui remettrait en cause le statut professionnel et une partie des droits TV. Le besoin d’un nouveau souffle passe par un changement d’entraîneur et de nouvelles méthodes. Le changement intervient en novembre 2022 quand Laurent Peyrelade est remercié et remplacé temporairement par son adjoint Emerick Darbelet. Le temps (un mois) de trouver un entraîneur. Ce sera Didier Santini, un ex-professionnel lui-aussi, qui a fait carrière à Marseille, Bastia, Toulouse et Lille avant de s’exiler à l’étranger. Un pari car sur sa carte de visite d’entraîneur ne figure aucun club de Ligue 1 ou 2. L’année 2022-2023 est une année de transition. Malgré un beau parcours en Coupe de France qui voit le RAF éliminait à l’extérieur Saint-Etienne, Monaco et l’AJ Auxerre, l’équipe flirte avec les dernières places mais réussit à se sauver, terminant 14e sur 20, devançant seulement d’un point le premier barragiste. Une fin de saison que le RAF n’est pas près d’oublier, faisant la une des médias.
1- Le tapis vert de Bordeaux
Depuis son accession en Ligue 2, le RAF joue chaque saison sa survie au second échelon national. Et cette saison 2022-2023 plus encore quand le club se retrouve, avant l’ultime journée du championnat, en position inconfortable : obligation de gagner à Bordeaux qui, de son côté, bataille avec Metz pour monter. Une montagne donc pour les Ruthénois dans un stade chauffé à blanc par 42 000 supporters bordelais qui rêvent de retrouver l’élite.
Mais rien ne va se passer comme prévu quand, après une large domination bordelaise, le Ruthénois Lucas Buadès propulse, à la 22e minute, le cuir dans le but bordelais avant de venir célébrer l’ouverture du score devant un Virage Sud figé ! Tout se joue alors en cinq secondes ! Un supporter bordelais, originaire d’Annecy, parvient à sauter la barrière sans réaction des stadiers ; percute Buadès du bras qui s’écroule en se tenant la tête. A 21h34, l’arbitre, M. Buquet interrompt la partie. Les joueurs ruthénois entourent leur coéquipier toujours au sol tandis que l’agresseur est arrêté. S’ensuit un long quart d’heure de palabres entre des Ruthénois maintenant que Buadès a été victime d’une agression et des Bordelais qui accusent le joueur de théâtraliser son agression pour faire arrêter la rencontre. Pourtant, le rapport médical confirme la commotion cérébrale. A 21h50, le match est définitivement arrêté. En coulisses, un stadier est à son tour agressé par un supporter. L’incident du match fait le tour des médias. L’image de l’agression est décortiquée séquence par séquence, laissant chacun juge de son opinion. Par ricochet, Annecy qui lutte pour le maintien avec Rodez hurle au scandale : si Rodez gagne sur tapis vert, c’est Annecy qui descend. Le verdict tombe le 12 juin : Bordeaux perd le match ; écope du retrait d’un point pour la saison suivante ; la tribune Sud est fermée. Rodez se maintient. Annecy descend. Mais est repêché suite à la relégation administrative du FC Sochaux-Montbéliard.
2 – Aux portes de la Ligue 1
Pour Santini, l’équation est simple. En l’absence d’un centre de formation, chaque année, il doit composer avec les départs et les arrivées de joueurs, jeunes pour la plupart ou en recherche de temps de jeu. Qui adhèrent aux principes du club. Sans mettre à mal les finances. Hors de question de revenir aux erreurs du passé. Pas simple pour l’équilibre d’une équipe en recherche d’automatisme. Principalement en début de saison. Mais quand le recrutement est bon, mêlé d’une confiance acquise au fil des rencontres, la mayonnaise prend des allures d’exploit. Quand la saison 2023 débute, personne ne se doute que le club va inscrire peut-être la plus belle page de l’histoire du club dans un championnat. En terminant à la quatrième place, le RAF s’offre les Play-offs pour la montée en Ligue 1. La ville se prend à rêver ! Mais le chemin est encore long. Trois tours pour décrocher le Graal ! Pour débuter, c’est le Paris FC qui se présente à Paul-Lignon avec comme seul objectif : la montée. Et tout commence par une douche froide signée par un but du Parisien Dicko. Mais Danger puis Corredor redonnent l’avantage, jusqu’à la fatale 91e minute qui voit Paris égaliser. Tout est à refaire lors d’une cruelle séance de tirs au but. Rodez semble perdre les pédales en loupant ses trois premiers tirs. Paris mène alors de deux buts et s’offre deux balles de match. Mais, tandis que les deux derniers buteurs ruthénois réussissent leurs tirs, les Parisiens se loupent. L’ambiance monte d’un cran dans un stade chauffé à blanc. Le Ruthénois Yannis Verdier donne l’avantage aux Ruthénois, le Parisien Camara se loupe. Le RAF se qualifie pour le second tour des play-off. Direction Saint-Etienne et le chaudron vert. Malgré 1000 supporters ruthénois présents, les joueurs, fatigués par une longue saison et le renouvellement d’exploits toujours difficiles à gérer, plient devant la volonté des Verts et son public de rejoindre la Ligue 1. Le rêve s’est évanoui. Mais une montée au dernier échelon était-il vraiment réaliste ? La saison 2024-2025 ne sera pas du même niveau. Daniel Santini et le club doivent faire face à l’érosion de la quasi-totalité de l’effectif, la plupart des héros des Play-offs étant partis vers d’autres cieux. Une nouvelle saison démarre avec ses incertitudes ; de nouvelles têtes et, sans aucun doute, de nouvelles ambitions. Le club terminera 14e sur 18 avec des hauts et des bas.
Portraits
Paul-Lignon rénové
Le stade. Lieu de tous les exploits. De tous les excès aussi. Là où se jouent les victoires et les défaites. Une guerre de position. De tactiques bien huilées. De combats physiques. Sous les regards, les encouragements et les sifflets d’hommes et de femmes devenus des supporters pour vivre la fièvre du samedi soir loin du quotidien.
Le stade. Son carré vert. Ses lignes règlementaires régissant les lois du jeu. Ses tribunes qui chavirent. Silencieuses dans la défaite. Ses parties secrètes (couloir, vestiaires) préservant l’intimité des joueurs. Lieu de préparation psychologique précédant l’entame. Là où un match peut basculer par le verbe en quinze minutes de mi-temps. Lieu de triomphe après la victoire ou d’incertitude et de remise en cause devant la défaite.
Le stade. Lieu de mémoire. De souvenirs émouvants. D’abord : un nom. A Rodez, celui de Paul Lignon. Pour honorer avant tout un combattant. Rugby et guerre. Lieu aussi de régénération architecturale. Au départ, un simple champ. Habillé plus tard d’une tribune en bois. Pour plus de confort mais aussi pour s’élever. Puis la modernité a fait son œuvre. Tribunes béton et gradins populaires. Dans cette configuration, longtemps le stade Paul-Lignon est resté. On y avait ses habitudes. Ses places achetées au guichet. Le stade se suffisait à lui-même. Et puis le temps du professionnalisme est venu. Il fallut répondre aux normes. Améliorer l’éclairage. Rendre la pelouse praticable toute l’année. Alors le vieux stade Paul-Lignon s’est offert une cure de jouvence, de 2019 à 2025. Quatre tribunes couvertes, proches de la pelouse pour lui donner un petit air british. 7780 places. Des loges. La modernité a un prix : 30 millions d’euros. Pour devenir, l’espace de quatre-vingt-dix minutes, une cathédrale illuminée !


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