Comme un oiseau sur la Manche. Jean-Pierre Blanchard
Jean-Pierre Blanchard suit depuis le début les exploits des frères Montgolfier et de Pilâtre de Rozier. Cet inventeur tout terrain (il a déjà à son actif la création d’une voiture à pédales et d’une machine hydraulique), issu de la petite bourgeoisie et sans autre moyen que ses connaissances et sa volonté, a lui-aussi construit « un vaisseau volant ayant la forme d’un oiseau, muni de six ailes et d’un gouvernail » dont l’expérience, le 5 mai 1782, se révèle un échec. Avec cette fois un ballon gonflé à l’hydrogène, muni de rames en plumes, Jean-Pierre Blanchard réussit avec succès sa seconde tentative, le 2 mars 1784 depuis le Champ de Mars. Voler déchaîne aussi les passions ! Alors qu’il est en passe de décoller, un jeune homme se précipite sur la nacelle, épée en mains, et exige de participer au vol avant d’être repoussé. Jean-Pierre Blanchard ne cessera dés lors de multiplier les ascensions grâce aux soutiens de mécènes comme l’Anglais John Jeffries. Avec en tête un exploit que personne n’a encore jamais accompli : traverser la Manche en ballon. Le 7 janvier 1785, avec John Jeffries qui lui a imposé sa présence, ils quittent Douvres pour un vol de 2h25 avant de se poser dans la forêt de Guînes. Non sans frayeur ! A plusieurs reprises, ils doivent jeter une partie de leurs équipements et de leurs vêtements, le ballon menaçant d’atterrir dans la mer. « Mon vaillant petit capitaine, écrit Jeffries, donna des ordres et montra l’exemple en commençant à dépouiller notre vaisseau aérien, d’abord de son enveloppe de soie et de ses ornements. Puis après s’être délesté de l’hélice et de deux ancres, Blanchard ôta sa veste et je fus obligé de l’imiter. Nous enfilâmes nos gilets de liège et nous étions, Dieu sait pourquoi, gais comme des pinsons à l’idée de barboter dans l’eau. »
Jean-Pierre Blanchard devance Pilâtre de Rozier qui tentera de traverser à son tour la Manche cinq mois plus tard avec la fin dramatique que l’on connaît. Son exploit, salué par Louis XVI en personne et agrémenté par l’octroi d’une pension de douze milles livres, lui vaut d’être appelé à travers l’Europe pour de nouvelles ascensions. La soixantième sera la dernière. En 1808, au-dessus de La Haye (Pays-Bas), il tombe en plein vol de dix-huit mètres après une attaque d’apoplexie. Il meurt un an plus tard à Paris.
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