L’attentat de Couffouleux

Affaire Emile Bonnet. Couffouleux. Cour d’assises de l’Aveyron. 2 juin 1913.

 

Des instituteurs laïques qui utilisent un livre d’histoire condamné par l’évêque, un curé de choc qui pourfend en chaire tous ces suppôts de la République, de braves paysans, bien trop naïfs, qui ont appris à l’écouter. Couffouleux, petite commune à quelques encablures de Camarès, contient en 1912 tous les ingrédients d’une nouvelle guerre pichrocoline. Ici, on est viscéralement catholique et conservateur. On vote pour les « de Castelnau » dont le père, grand général mais piètre politique, ne sera autre que le président de la Ligue des catholiques. Ces instituteurs de la Laïque ne sont que des « Rouges » qui risquent de gangrener la bonne jeunesse du pays. Qu’ils partent ! Et le plus vite possible.

Alors les esprits s’enflamment. La calotte et le goupillon contre la Laïque et la Sociale !

Coincé entre le vaste plateau du Larzac qui « cultive » le Roquefort, et le Lagast aux croupes ventées et aux neiges fécondes, le rougier de Camarès conclut au sud la géographie de l’Aveyron. C’est aussi une terre de contrastes, tantôt océan de sang aux artères latéritiques, tantôt fardée de prés verdoyants. Pour atteindre cette région perdue, il faut prendre le chemin de fer jusqu’à Saint-Affrique, emprunter l’autobus pour Camarès, puis accomplir ensuite les dix derniers kilomètres à pied ou en voiture à travers la montagne. Un vrai parcours du combattant, vingt-quatre heures de trajet aller-retour depuis Rodez. Autant dire qu’à Couffouleux, on a depuis longtemps pris l’habitude de vivre un peu en autarcie, au sein d’une communauté villageoise possédant ses règles de vie et n’acceptant guère d’être troublée par la venue d’étrangers, particulièrement quand les étrangers en question sont un jeune couple d’instituteurs.

                                     

Emile et Louise Donat sont nommés à Couffouleux en 1907. Jeunes normaliens, pleins d’ambition et de bonne volonté, leur début dans cette première affectation se déroule sans trop de difficultés. Bien sûr, le curé ne leur est pas favorable ; bien sûr, le maire garde ses distances pour ne pas créer d’ambiguïté dans leurs relations ; bien sûr, les vieilles bigotes chuchotent dans son dos quand Louise Donat sort de l’épicerie. Mais diable, personne ne remet en cause leurs fonctions de maîtres d’école de la laïque. La tâche leur est en plus facilitée par le fait qu’il n’existe pas sur le village d’école confessionnelle depuis la loi sur les congrégations religieuses. Pour Emile et Louise Donat, qui n’ont rien de grands pourfendeurs du christianisme, il s’agit avant tout d’apprendre à vivre avec ces gens, de respecter leurs idées et, surtout, d’amener les enfants à s’éveiller aux connaissances de la littérature, des mathématiques et de l’histoire-géographie.

Et, de fait, tout se déroule sans accroc jusqu’au jour où Louise Donat tombe malade et se fait remplacer par une institutrice débutante qui déclenche, sans doute inconsciemment, le premier mouvement de révolte.

« Prenez votre cahier et écrivez ! ordonne la maîtresse.

Le crapaud
Un homme qui passait vit la hideuse bête,
En frémissant, lui mit son talon sur la tête.
C’était un prêtre, ayant un livre qu’il lisait.
Puis une femme avec une fleur au corset,<
Vint et lui creva l’oeil du bout de son ombrelle
Et le prêtre était vieux et la femme était belle. »

 

Est-ce l’audacieuse association du vieux curé et de la femme qui fut ressentie par les familles comme une dérision du voeu de célibat ?

Toujours est-il que le lendemain, au moment de la récitation, deux élèves refusent de déclamer la poésie. L’institutrice se fâche et les menace de punitions. Le lendemain, à l’entrée en classe, la petite Barbe tend à sa maîtresse un mot de ses parents :

« Mademoiselle l’institutrice, la fable en question ne nous convient pas envers quelques mots qui se trouve(nt) de mettre les curés en question en disant qu’ils ont des femmes jolies. Ca ne doit pas rester dans l’école, vous en avez assez d’autres plus jolies que celle-là. Je vous salue. »

Le même jour, quatre autres élèves accomplissent le même geste. Devant ce qui semble être une rébellion et afin de ne pas perdre la face devant ses élèves, l’institutrice les exclut, sur le champ, de l’école pour trois jours.

Le début de l’épreuve de force commence. Le 7 février 1911, Louis Menras, maire de Couffouleux, informe l’inspecteur primaire de Saint-Affrique que l’institutrice a donné aux enfants une poésie blessant la moralité. La venue de l’inspecteur ne calme rien. Quatre des cinq exclus retournent quand même à l’école, accompagnés cette fois de leurs parents. Après avoir bousculé l’institutrice, ils l’obligent à accepter leur progéniture. Mis au courant, l’inspecteur d’académie exclut à son tour les quatre élèves pour quinze jours.

A partir de ce moment, changement de tactique. Tous les élèves de l’école, à l’exception de cinq, s’abstiennent de reparaître pendant la durée de renvoi de leurs camarades.

Au mois d’octobre 1912, un nouveau vent de fronde perturbe la rentrée. Plusieurs élèves passant au cours moyen doivent se procurer le livre d’histoire Guiot et Mane qui tombe sous le coup d’une interdiction épiscopale.

Le dimanche précédent, le curé de Couffouleux n’a pas hésité à annoncer dans son sermon qu’il refuserait la première communion aux enfants qui étudieraient ce livre.

L’incident éclate le 10 novembre. L’abbé Gély, missionnaire diocésain et frère de l’évêque de Mende, monte en chaire à Couffouleux à l’invitation du curé de Camarès.

« Je vous félicite de votre attitude énergique que j’offre en exemple à tous les bons catholiques. Vous ne devez pas laisser étudier ce livre d’histoire à vos enfants, car il empoisonne leurs âmes. Vous seriez donc de grands coupables. »

Puis, haussant la voix :

« J’ai lu dans un journal que des pères de famille se trouvant dans la même situation obligèrent le maître à reprendre les élèves exclus et le chassèrent ensuite de sa classe. Mes chers frères, vous devez persévérer pour vider l’école laïque par tous les moyens afin que les instituteurs soient obligés de partir. »

Le 11 novembre au soir, la pendule vient de sonner 22 heures, les époux Donat se disposent à passer de la cuisine à leur chambre à coucher quand ils entendent un grand bruit dans la pièce à côté.

Emile Donat se précipite, muni d’une lampe. Deux carreaux sont brisés sur le sol et l’un des volets est perforé en deux endroits. L’instituteur ouvre aussitôt la fenêtre. Ne voyant personne, il descend devant sa porte, mais la nuit est trop obscure et la pluie trop forte pour ne distinguer même une ombre. Revenu dans la pièce, il constate avec son épouse qu’une balle a éraillé le plafond tandis qu’une autre s’est carrément logée juste au-dessus du lit. Les balles sont de gros calibre comme les chasseurs en utilisent pour le sanglier.

Le 12 novembre, les gendarmes de Saint-Affrique, instruits par une lettre d’Emile Donat, procèdent aux premières constatations de l’enquête. Un témoignage les surprend. La femme Boudène leur répète ce que lui a dit sa voisine, Bénézech, lors d’une conversation :

« « Il n’y a rien de nouveau à Couffouleux ?

-Non.

-Cependant, c’est aujourd’hui qu’on devait tuer l’instituteur. »

Interrogée à son tour, la femme Bénézech hésite :

« Je ne crois pas avoir tenu ce propos ! Si je l’avais tenu, je l’aurais fait sans y prêter attention. »

Les gendarmes n’en sauront pas plus ! Par enchantement, les bouches se ferment. Une épidémie d’amnésie frappe Couffouleux. Tel qui aurait subitement déclaré avoir vu les coupables ne se rappelait plus de rien.

Quand huit jours plus tard, le juge de paix de Camarès décide de se rendre à Couffouleux, il est trop tard. Le village s’est muré dans le silence.

Ce qui n’est pas encore devenu l’affaire de Couffouleux suscite néanmoins des échanges de lettres intensifs entre les différentes parties. Emile Donat écrit à l’inspecteur d’académie « qu’il est de son devoir de ne pas quitter Couffouleux pour le moment ». Le maire, Louis Menras, tente de s’affranchir de son rôle d’officier de police devant le préfet : « Mes efforts à calmer la population resteront vains tant que M. Donat s’obstinera à vouloir faire acheter aux enfants une histoire condamnée… Il est à craindre même que si les enfants continuent à être mis à la porte, des accidents plus graves ne se produisent. Je serai reconnaissant à Monsieur le Préfet de faire protéger les instituteurs par la force armée ». Le 21 novembre, le préfet lui répond « qu’il n’a pas le droit et, l’aurais-je, que je m’abstiendrais en l’espèce d’en user, d’obliger un instituteur à changer un livre du moment que ledit livre est inscrit sur la liste officielle départementale ».

Après l’attentat dont ils ont été les victimes, les époux Donat doivent faire face à une autre épreuve. La veille de noël, ils reçoivent une lettre anonyme qui les bouleverse tant le texte est odieux. Venant soi-disant du paradis leur fille, disparue deux ans plus tôt en bas-âge, se félicite d’avoir été enlevée par Dieu à des parents aussi indignes.

Au début de l’année 1913, l’enquête n’a guère avancée et suscite de vives polémiques parmi les défenseurs des instituteurs. Le député de l’Aveyron Cabrol s’en fait l’écho au ministre de l’intérieur. Jaurès, à son tour, intervient à la Chambre pour demander que justice soit rendue aux instituteurs courageux. Quant aux publicistes du Matin, du Radical, de La Petite République et de l’Humanité, ils se rendent à Couffouleux et décrivent dans leurs colonnes une France profonde et très caricaturale.

Le 13 mars 1913, après les résultats de l’enquête, le juge d’instruction décide enfin d’inculper Emile Bonnet, de Fabrègues, de tentative d’assassinat. De forts soupçons pèsent depuis le début sur cet agriculteur. Son fils ne fréquente-t-il pas l’école ? N’en a-t-il pas été exclu par Emile Donat pour avoir refusé de se servir du manuel Guiot et Mane ? Lui-même n’a-t-il pas manifesté à plusieurs reprises sa fureur dans le village ? Il est d’autre part chasseur de sangliers et les balles qui se sont fichées dans le plafond des Donat sont, d’après l’expertise d’un armurier de rodez, du même type que celles utilisées par bonnet.

À Couffouleux, à la nouvelle de l’arrestation, l’émotion est intense. Le 24 mars, un groupe de soutien distribue à Saint-Affrique un imprimé tiré à cinq mille exemplaires. La presse catholique intervient à son tour. Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat, suivie de l’expulsion des congrégations religieuses, l’église aveyronnaise mène un combat à la fois politique et médiatique. Son organe aveyronnais, l’Union Catholique, par la plume vitriolée de son très zélé rédacteur en chef, le chanoine Touzery, s’en prend quotidiennement à la République de Satan et menace d’excommunication tous ceux qui seraient tentés d’en accepter les idées.

Remis en liberté sous caution, le 1er avril 1913, Emile Bonnet est renvoyé devant la Cour d’assises de l’Aveyron, le 2 juin 1913.

Au jour fixé, un public très nombreux composé d’hommes et de femmes de la terre pour la majorité, revêtus de la tenue dominicale, se presse dans la salle d’audience. Les jurés, pour le plus grand nombre, ont été invités à dormir à l’évêché, ce qui ne manque pas de susciter la polémique. Pour la presse, il faut ajouter des bancs supplémentaires. Aux côtés des journalistes locaux prennent place les publicistes parisiens du gaulois, du Matin, du journal, de l’Echo de paris et de l’Humanité ; Un peu à l’écart, se tiennent les correspondants de l’Eclair de Montpellier et de l’Union catholique.

L’audience s’ouvre à 9 heures 15. le conseiller Corborer préside les débats, assisté des juges Dijols et Anglade. Le procureur Toulouse représente le ministère public. Quant aux jurés, selon un rapport secret, ils ont été triés sur le volet après avoir fait l’objet d’une enquête discrète sur leurs idées républicaines.

« Faites entrer l’accusé », claironne le président.

Emile bonnet apparaît, la démarche un peu gauche. Il jette un regard vers la salle, interroge des yeux les visages connus puis s’assied à la place qui lui est réservée.

Sobrement, le président reprend l’affaire point par point et en fixe les grandes lignes. Il met en lumière le fanatisme d’une population, subitement irritée par l’usage du manuel Guiot et Mane et exacerbée par les prédications ecclésiastiques. Il décrit l’attentat dont les instituteurs ont été les victimes, salue leur courage à demeurer sur place avant d’évoquer les recherches qui ont abouti à l’inculpation de bonnet.

Dans le box, Casimir Bonnet, dit Emile, porte la figure sombre des mauvais jours. Le visage est rude, l’aspect lourdaud. Quand le président l’interroge, il proteste de son innocence d’une voix rocailleuse qui, hors du prétoire, ne doit pas laisser place à la contestation. Mais l’alibi qu’il fournit ne tient pas.

Emile Donat lui succède à la barre. Agé de vingt-six ans, sympathique, il répond aux questions du président comme s’il se trouvait au milieu de ses élèves. D’une voix à la fois douce et ferme, il ne prononce pas un mot de haine, se contentant de contrôler ses affirmations pour éviter toute équivoque.

Trente-deux témoins à charge sont cités à comparaître. L’abbé Laur, curé de Couffouleux, pénètre le premier dans la salle. Le visage rougeaud, la bedaine pointant sous la soutane, il est l’archétype du curé de campagne. Dur envers ses paroissiens comme il l’est envers lui-même. Un curé qui n’hésite pas à trinquer tout en régissant la vie morale de ses ouailles. Moins loquace qu’en chaire, il se contente de déclarer que ses fonctions se bornent à suivre les ordres de son évêque.

Avant que l’abbé quitte la barre, Paul Ramadier se lève pour l’interroger. L’avocat d’Emile Donat, du barreau de paris, plaide pour la première fois dans le département. Fervent défenseur des idées laïques, socialiste, il rédige depuis quelques années des articles puissants dans le journal aveyronnais L’Eclaireur. Il accomplira par la suite la brillante carrière politique que l’on sait, jusqu’à la présidence du conseil ;

« n’avez-vous pas dit que les parents des enfants qui lisent Guiot et Mane devraient être fuis comme des bêtes sauvages ?

-Non !

-n’avez-vous pas dit, le 16 mars, que la population de Couffouleux s’était attirée l’admiration du monde entier ?

-Oui ! »

Le curé n’en dira pas plus.

Avec l’abbé Gély, c’est un autre genre de prêtre qui se présente devant la Cour. Sous un air débonnaire se cache un doctrinaire et un fanatisme plus intelligent et plus courtois.

« Vous aviez donc entendu dire que la population était très surexcitée, questionne le président.

-Je la connaissais ardente, car c’est une population très chrétienne.

-Mais la religion chrétienne réprouve la violence ?

-Il y a des lois divines et des lois humaines. Quand elles sont en contradiction, on doit obéir aux lois divines. »

Avec les témoins suivants, c’est tout le village de Couffouleux qui défile dans le prétoire. À l’évidence, ces braves gens sont plus à l’aise sur leur terre que dans une salle d’audience. Le facteur Carnac affirme, sous la foi du témoignage de la petite Bonnet, que la nuit précédant l’attentat, son père aurait été à la chasse et n’était rentré qu’à 4 heures du matin. De son côté, M. Costecalde confirme les propos que lui a tenu la petite Tabariès :

« Ce soir, on veut faire la peau à l’instituteur. »

Enfin, Mme Boudène, un marmot pleurnichard sur les bras, maintient les déclarations qu’elle a eu l’occasion de répéter à maintes reprises, mais qui sont contredites par Mme Bénézech.

La salle qui somnole reprend son attention quand Bouloc, l’armurier de Rodez, vient déposer ses conclusions. Pour lui, les balles retrouvées dans l’appartement des Donat appartiennent bien au fusil de bonnet.

« Je n’ai aucun doute sur cette conclusion », répète l’armurier à la question du président.

La déposition de l’expert est cruciale. Elle est la seule véritable preuve de la culpabilité de Bonnet dans cette affaire. Plus tard, dans sa plaidoirie, maître de Castelnau n’hésitera pas à produire par surprise une contre-expertise infirmant la version officielle, au grand mécontentement de la défense qui n’en a pas été avertie.

C’est désormais à la partie civile de prendre la parole. D’un ton modéré, pour éviter d’être taxé d’extrémiste, maître Ramadier reprend une à une les charges contre Bonnet dans le but d’établir sa culpabilité. Il demande qu’une condamnation légère lui soit appliquée afin de servir d’exemple à ceux qui voudraient remettre en question la liberté des instituteurs.

Maître Floch prend ensuite la parole au nom des amicales d’instituteurs, les syndicats d’enseignants n’étant pas encore autorisés. Avec vigueur, l’avocat brosse un saisissant tableau de la vie de l’instituteur, homme dévoué et intègre qui se voue à son métier corps et âme, pour le bien des enfants de la République.

« Il faut qu’on sache qu’en France, conclue-t-il, on n’a pas le droit au nom de quelque principe, d’attenter à la vie d’un instituteur qui a eu le seul tort d’obéir à ses chefs. »

Après le réquisitoire où le procureur demande une peine sévère, maître de Castelnau assure la défense de Bonnet. Avec minutie, il réfute les charges qui pèsent sur son client. Quant à la fusillade, l’avocat n’y voit qu’une simple brimade, une plaisanterie un peu grossière, certes, mais qui n’a débouché sur aucun victime.

« l’acquittement de Bonnet, affirme-t-il, fera revenir le calme dans une région trop bouleversée par un simple fait divers, sans commune mesure avec la publicité que les journaux lui ont accordée. »

La seconde plaidoirie est d’une toute autre veine. Maître Bazire, du barreau de paris, n’est pas venu là pour défendre seulement Bonnet. Le procès lui sert aussi de tribune pour prononcer un plaidoyer virulent contre tous les tenants de l’anticléricalisme. Dans un pathos plutôt confus, il mélange instituteurs « rouges » et laïques, socialistes et mutins, enlèvement des crucifix, devoirs des chrétiens et l’appel à respecter le drapeau.

La nuit est déjà tombée quand les jurés se retirent pour délibérer. Une heure plus tard, ils reviennent avec un verdict d’acquittement en faveur d’Emile Bonnet. Mieux encore la Cour, après avoir refusé le franc de dommages et intérêts à la partie civile, condamne cette dernière aux dépens.

Dans la presse qui soutient depuis quelques mois Emile Donat, c’est un tollé général. À la une son journal L’Homme Libre, Clemenceau s’insurge contre le fait que les victimes soient en fait les seuls condamnés.

Quant à l’affaire, elle se terminera par une de ces absurdités dont l’administration possède parfois le secret. Un instituteur d’Aubin, Gervais, avait depuis le début de l’affaire soutenu les époux Donat. Avec quelques amis, il avait tenté de créer, malgré les interdits, un syndicat ; véritable bête noire des cléricaux, sa plume avait à plusieurs reprises revendiqué une peine exemplaire contre le criminel de Couffouleux.

Pour lui faire payer son rôle de syndicaliste, l’inspection académique ne trouvera pas mieux que e muter Gervais quelques mois plus tard… à Couffouleux. On imagine la tête des paroissiens en apprenant la nouvelle. Quant à Gervais, il ne se démontera pas. Avec fermeté, il s’opposera au député de Castelnau qui le lui rendra bien en faisant monter l’affaire jusqu’au ministre de l’Instruction publique.

La Grande guerre devait finir par calmer les esprits. Mais le vent de l’Histoire était passé au-dessus de Couffouleux.

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