Les voix sans issue des cimetières

Lieux sacrés, les cimetières sont aussi des lieux de mémoire et d’histoires où s’expriment les dernières volontés des vivants à persister dans le souvenir de ceux qui restent. Sur les murs extérieurs de leurs dernières demeures, ils ont signé des épitaphes, reflet de leur pensée ou de leur espoir. D’une grande banalité la plupart du temps, « achetée, comme l’écrit Philippe Landru sur son site consacré aux cimetières, comme des bouteilles de lait : à l’unité ou en packs de six », il s’en trouve de plus drôles ou de plus émouvantes, portes ouvertes pour entrer à rebours dans l’intimité d’un défunt qui revit l’instant de quelques secondes à travers son message post-mortem. Une lecture « nécropolitaine » qui flirte entre poésie et humour ; une bibliothèque à ciel ouvert ; une librairie où les morts dédicacent l’œuvre de leur vie ; un recueil d’éternité dans une voie sans issue et sans retour ; un ultime pied de nez à la mort… ou à la vie. Florilège non exhaustif…

Pour ce pêcheur invétéré… et non invertébré, « la vie ne tient qu’à un fil ». (Cimetière de Boulogne-Billancourt)

« Mort pour rien. » (Cimetière de Crest)

« Toi qui t’arrêtes ici, ci-gît Duchenne Henri / Il mania tour à tour l’humour et l’ironie / Mais pour la mise en boîte la meilleure de sa vie /Ce fut, quand dans du chêne, on mit Duchenne Henri. » (Cimetière d’Issy-les-Moulineaux)

« L’encre à la bouche/Les fantômes s’épuisent/ Je suis vivante, et vous ? » (Cimetière de Nancy)

« Ci-gît Pierre-Jean Vaillard/il fut grivois, il fut paillard/Il savait voir la vie en rose/Ce fut un joyeux boute-en-train/Il composait des vers, les vers le décomposent/Gloire à son dernier quatrain. » (Cimetière de Montmartre. Paris)

« La fin de la terre est ma demeure. » (Cimetière Montparnasse. Paris)

« Mort d’étonnement. » (Cimetière Montparnasse. Paris)

« Je pars sans laisser d’adresse. » (Cimetière du Père-Lachaise. Paris)

« Elle est morte. Elle n’y tenait guère. » (Cimetière du Père-Lachaise. Paris)

« Enfin seul. » (Cimetière du Père-Lachaise. Paris)

« Pour cet irrémédiable loupé final. » (Nouveau cimetière de Saint-Ouen)

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